Sonwich

Malgré son nom équivoque, le Temple n’est pas un lieu de culte, mais une solution de divertissement installée dans les sous-sols décrépits d’une taverne (elle-même idéalement située sur une artère majeure de Sonwich).

Malgré leurs apparences intrigantes, la plupart des employé·es vêtu·es de longues capes noires ne sont en réalité que de simples maîtres·sses de jeux. Iels animent les nombreuses tables présentes sur place et contribuent également à l’entretien des bornes de jeux mises à la disposition de la clientèle. Et si leurs déclamations de Foi, parfois empreintes d’une étonnante conviction, pourraient presque laisser croire qu’iels y croient vraiment, ce ne serait visiblement pas le cas.

En dépit de la rareté croissante des jeux de plateau à l’Arceau, l’Assaut de Bäshnor, un jeu d’aventure stratégique, reste extrêmement populaire auprès des jeunes. Également antre de tous les vices, le Temple consacre une aile plus discrète aux jeux de hasard (poker, blackjack...) où l'on dilapide ses Vivias avec insouciance.

(Il y a une étrange porte qui attire votre attention à côté des sanitaires. Lorsque vous vous en approchez, une voix féminine vous demande le mot de passe…)

Les Coteaux de la Charte, parfois également appelée La cité blanche pour la caractéristique très particulière qu’a ce lieu d’avoir été repeint en blanc intégralement. Si cela peut vous paraître comme un caprice de la part des habitant·es de ce quartier résidentiel, cette lubie de la part de l’ancienne Présidente s’explique par les fortes chaleurs que subissent les habitations parfois mal isolées des Coteaux. Une fois l’été venu, ce revêtement blanc semble être un bien maigre espoir de repousser la chaleur qui semble se concentrer de manière anormale dans les rues …

Une fois la nuit tombée, il est rare de croiser âme qui vive ; ne vous y aventurez pas seul·e car les ruelles semblent prendre vie. La pénombre et les ombres semblent danser sur les murs, chassées par la blancheur maladive qui suinte de tout ce qui vous entoure. Au fond de vous, votre instinct vous crie de rentrer vous abriter.

Une devanture clinquante avec une enseigne aux éclairages pourpres ; des néons qui encadrent le hall d’entrée et inondent de lumière la rue à la tombée de la nuit — le CinéMaX vous attend, vestige centenaire du divertissement. Il n’y a pas grand-monde à l’intérieur ; seulement un·e employé·e solitaire qui fait mine de ne pas vous voir, posté·e derrière son comptoir en tapotant furieusement sur le clavier de son téléphone portable. Quelques formules sommaires pour vous indiquer les projections du jour (inchangées depuis plusieurs semaines) prendre votre commande et déchirer votre coupon de séance avant de vous indiquer le numéro de votre salle (en omettant de vous proposer des snacks !) : le service, à défaut d’être agréable, a le mérite d’être rapide.

Une fois à l’intérieur de la salle, vous constatez une odeur persistante de popcorn rassis mêlé à des effluves de bière, et une moquette rouge, mais terne, parsemée de taches brunes et noires, qui vous font hérisser fâcheusement la peau. De toute évidence, le ménage n’a pas été fait depuis quelque temps. C’est-à-dire que cette enseigne, comme bien d’autres, est vouée à disparaître, car le public préfère l’ambiance exubérante des cinémas des grandes surfaces à celle des projections intimistes proposées par les indépendant·es… bref ! Vous n’avez pas le loisir de vous pencher davantage sur cette étude de cas : le film se lance dans un grésillement désagréable pour vos oreilles. Bon visionnage, spectateur·trice.

Le Fortuna est une fusion de mille rêves ; un théâtre d’opulence, un cabaret enfumé, la salle de votre couronnement, votre maison — sans doute, toutes ces choses en même temps. Lustres chatoyants, miroirs dorés et rideaux de velours soyeux parent un vaste espace où la scène centrale, légèrement surélevée, accueille chaque soir des spectacles de divertissement d’une exubérance sans pareille. Toute la nuit, paillettes et strass éclatent de tous côtés dans la masse chantante, à chaque geste, à chaque déclamation, accompagnant les rires et les chansons.

Car même dans le quartier des divertissements, le Fortuna est singulier. Vous vous en êtes rendu compte dès votre arrivée, lorsqu’un·e membre du personnel vous a questionné sur vos fantasmes : « Que souhaitez-vous être ? Devenir ? Revêtir le temps d’une soirée ? »

Voulez-vous être lae pianiste principal·e ? Félicitations, vous l’êtes ! On s’assurera de lancer des morceaux en fond sonore lorsque vous monterez sur scène, on applaudira votre parcours de vie fictif et toutes ses inepties, on parlera de votre prochain concert avec des étoiles dans les yeux, comme si c’était vrai — évidemment, tout cela n’est qu’une illusion soigneusement entretenue jusqu’à votre départ. Une transaction comme une autre, consolante, mais sans le moindre danger.

(Sans le moindre danger ?
Vraiment ?
Alors, comment s’empêcher de vouloir revivre cette expérience magique ? Quel est ce manque, celui qui est né lorsque la fête s’est terminée, que les lumières se sont éteintes, et qui a pris un peu sur les couleurs de votre vie ?)

Un gratte-ciel de quarante-huit étages, façonné de milliers de petites fenêtres rectangulaires qui vous laissent entrevoir l’agitation constante du siège du groupe NNews, une antenne radio qui alimente tout l’Arceau en informations. Des rumeurs persistantes font état de pots-de-vin versés à la direction pour orienter la ligne éditoriale de la chaîne, mais les décisionnaires démentent complètement toute influence extérieure. « Nos concitoyen·nes nous aiment pour notre droiture morale, nos valeurs, et croyez-nous quand on vous dit que nous ne souhaitons pas les décevoir ! » Il est vrai que NNews ne s’arrête jamais, jour ou nuit, fidèle à sa devise qu’un scandale n’attend pas le petit matin, quitte à présenter des hypothèses comme des conclusions. Ici, l’information est une machine en perpétuel mouvement, et on ne saurait trouver d’excuses pour ne pas la transmettre aux auditeur·trices.

Vous trouverez aux différents étages les bureaux de tous les domaines du groupe : musique, faits divers, culture, sport, il y en a là pour tous les goûts. Plusieurs personnes à l’accueil vous redirigeront vers le bon service ou lae bon·ne interlocuteur·trice, à condition qu’un rendez-vous ait été fixé au préalable. Autrement, sans doute vous retrouverez-vous à devoir patienter des heures durant, ou des jours, selon vos intentions… À moins que vous n’apportiez un scandale brûlant, capable de soulever les foules ?