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le cœur au bord des yeux

i pinch myself to make sure that i'm real, i hurt myself to make sure I exist

Le orange est une couleur bien particulière ; Souvent mise de côté, laissé pour compte. À peine remarquée et pourtant tout aussi flamboyante que sa cousine plus sombre. Cette nuance est tout bonnement incomprise, mais nourrit une réelle chaleur que l'on estime à peine. Et pourtant, elle brûle d'exister et de montrer ce dont elle est capable. Longtemps oubliée, elle s'apprête à crier son existence et sa puissance insoupçonnée.

Et puis il y a le rouge. Longtemps adulée, la couleur rubis est passée maître des couleurs. Souvent imitée, mais jamais égalée, elle porte pourtant des traces de la couleur du dessus. Bien que leur popularité soit différente, rouge n'oubliera jamais orange.

Ova ne parvenait pas à se décider, ces tulipes avaient quelque chose de doux et personnel. La vendeuse semblait sous le charme de son bouquet fraîchement confectionné et l'avait mise entre les mains de notre lieutenante en civil. Les jours de repos de Ova n'étaient pas incroyables puisqu'elle passait son temps à l'hôpital pour voir son père. Elle s'arrangeait toujours pour l'épater avec des fleurs bien qu'il soit un grand insensible des plantes.

•• Bien, je pense partir sur les tulipes, vous m'avez convaincue.

La vendeuse se dandine et répète à Ova qu'elle a fait le bon choix, tout en protégeant le bouquet. Elle certifia même que sa prochaine visite dans son atelier, Ova repartira avec un bouquet bleu. En vérité, c'est dans cette boutique de fleurs, qu'une fois par semaine, Ova achetait les fleurs. Notre tendre brune aimait les conseils et les œuvres naturelles de la patronne.


•• Oh Mademoiselle, tenez voici un petit cadeau pour vous remercier de votre fidélité.

La gérante de boutique offrit un petit cactus-boule dans un pot en intimant à Ova de lui donner un nom. Gênée, elle la remercia en souriant et quitta la boutique. Une fois dehors, elle soupire : un mélange subtil entre bien-être et peur.
Peur d'avoir de mauvais résultats,
peur que son père souffre encore,
peur de ne vois aucun résultat,
peur de le voir amaigri.
Encore une fois.

Depuis plusieurs jours, Ova dormait mal et cauchemardait souvent. Son père sans vie, dans le lit d'hôpital avec toutes les fleurs qu'Ova a acheté, fanées.
Ova ne pouvait imaginer un monde sans son père, elle était déjà une sans-maman.
A vingt-neuf ans, elle ne s'en sentait pas prête, mais restait optimiste malgré la froideur de la réalité. Le travail lui permettait d'échapper à cette dimension, même si elle hallucinait parfois sur le parfum de son père qui ne flottait pas dans les couloirs.

Dans la lune, Ova prit la direction de l'hôpital. Plongée dans ses songes, elle ne remarqua pas une couleur similaire aux fleurs qu'elle tenait contre sa poitrine, s'approcher d'elle.




•• ova s'apprête à acheter des fleurs pour son paternel.

•• elle hesite entre de spendides tulipe orange (exprimant des sentiments d'espoir et d'optimisme) et des lys rouge (symbolisant l’amour passionnel).

•• ova choisi les tulipes orange.
Ova
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le cœur au bord des yeux



4h08 – Jour de repos.

Réglé comme un métronome, tu marches sur un chemin qui te mènera à un petit coin paisible où lire pendant une heure. Ton sac sur le dos, tes vêtements de sport éreintés par l’effort, tu effectues ta marche quotidienne. Celle où tu récupères, celle où tu prends le temps d’observer les alentours. Tu tentes de profiter de la quiétude du bruissement des feuilles, de l’ombre des arbres, du ruissellement d’une petite rigole pour lire. Personne ne sera choqué si j'affirme que tu lis uniquement des livres de poche pour réduire l’espace qu’ils occupent dans ta bibliothèque et ton sac. Tu as toujours cette pensée pragmatique : les beaux livres sont souvent des artifices pour ceux qui veulent se donner un genre. Ceux qui aiment sincèrement la lecture se contentent du contenu et non de la vanité du contenant.

Le quartier de Sonwich contraste avec toi : dans l’effervescence du loisir, tu transpires la discipline. Là où les yeux se plissent de plaisir au sucre d’une pâtisserie, au rire d’une blague, au bonheur d’être accompagné, tu n’as pour seul bagage que les valises sous tes yeux. Toujours à droite du mur, car c’est le sens de la marche, celles et ceux qui serpentent n’osent pas te contraindre à bouger. À te voir en mouvement, on dirait ces murs de labyrinthe qui changent de place pour piéger les autres. Tu es un mur. Tu es ce mur, Onyx. À l’ombre de tes pas, rien ne fleurit, et malgré le soleil de tes cheveux, tu n’as rien de chaleureux.

Pourtant, tu apprécies cet endroit. Malgré tout ce que j’ai pu dire sur toi, tu restes encore doté de sentiments positifs. Tu n’es pas qu’un éternel naufrage et, parfois, on peut surprendre ton paysage émotionnel se parer de quelques bancs de coraux.

Entre deux rues, deux vitrines de nourriture bien trop riches pour ton régime alimentaire (c’est-à-dire 99,9 % des aliments), tu prends tes compléments alimentaires, ton shaker de protéines au goût le plus vendu : chocolat. Ils n’avaient pas de goût brocoli, donc tu t’es rabattu sur le best-seller, par flemme de chercher.

C’est très contemplatif, la vie avec toi, Onyx. On ne se demande pas sans cesse dans quels triangles amoureux tu es impliqué, ni comment tu vis la séparation soudaine de deux stars de l’Arceau. Non, le flot de tes pensées reste le même : être le plus factuel et pragmatique possible. Là déjà, tu te demandes, en plein jour de repos, comment tu vas diriger l’entraînement et les patrouilles de demain.

Dire que tu n’as pas toujours été comme ça. Tu as très peu revu ceux qui t’ont connu avant, dans une version de toi que tu ne peux même pas décrire. Cela te semble si loin, et tu n’arrives plus à t’identifier autrement que par sa mort à lui. Proche de ta destination, tu sors ton ouvrage : un thriller policier. Rien ne te décroche du travail : des histoires un peu morbides, de l’action, pas beaucoup d’amour, juste une lecture légèrement sordide. Le prochain livre portera sur l’imaginaire zoologique d’un biologiste de l’Arche qui imagine plein d’animaux et tente d’en faire des descriptions précises, biomécaniques, anthropologiques, etc. Un changement littéraire d’ambiance.

Le hasard fait bien les choses, ou alors peut-être que des forces cosmiques, qui dépassent ta conception, se sont accordées pour que tu croises le regard encadré d’Ova. Le souvenir de celle qui t’a guidé pendant tes classes est encore bien présent. Cela fait plusieurs mois que tu ne l’as pas vue, depuis la fin du procès public, quelque chose comme ça ? Tout est si flou, mais quoi qu’il en soit, la grande lieutenante t’a toujours semblé être cette rose solaire aux épines délicieusement piquantes.

Ova est de ces fleurs que les dieux ne peuvent se résoudre à cueillir. Elle a l’égoïsme de savoir qu’elle fanerait entre de mauvaises mains et la résilience de sans cesse progresser en tant que personne. C’est une belle surprise.

« Lieutenant », annonces-tu avec cette voix morne, sobre et monocorde qui t’est propre.

Tu la dévisages légèrement, les tulipes dans les bras. Tu lances un regard à la devanture où tu t’es arrêté : un fleuriste. C’est logique, c’est vrai. Peut-être a-t-elle un rendez-vous galant, amical, familial, important ? Bien que la question t’effleure, tu te refuses à ce que ton esprit s’égare dans une telle indiscrétion.

« Je ne vous savais pas un attrait pour les plantes. Je sais que votre verbe administratif sait se montrer très fleuri, mais de là à se matérialiser physiquement… »

Tu détailles un peu son expression faciale, son langage corporel, sa tenue. Même en service, Ova s’est toujours montrée coquette et soignée. Être le visage de l’ordre s’incarne dans tous les aspects du corps et du cœur.

Il faut admettre que tu n’es pas spontané aux propositions. Tu as déjà fait l’effort de ne pas l’ignorer ; c’est quelqu’un de bien et ta discipline ne supporterait pas que tu t’esquives ainsi.

« J’ai encore un peu de temps de marche avant d’aller lire. Par où allez-vous ? »




Onyx fait sa marche post-sport pour aller lire paisiblement dans un petit coin.
Il se fait petit dans les rues et finit par croiser Ova qu'il aborde de façon assez formelle et lui propose finalement de marcher ensemble si leur trajet fait route commune.
Onyx
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le cœur au bord des yeux

i pinch myself to make sure that i'm real, i hurt myself to make sure I exist

On dit que lorsque l'on tue quelqu'un, l'effroi habite notre cœur et nos yeux se parent d'une brume indéchiffrable mais sombre. Que lorsque nos yeux croisent ceux d'un meurtrier, nous n'y voyons qu'un abîme profondément glacial. Qu'en un clin d'œil il pourrait nous paralyser.
Et pourtant, pas ses yeux.

Lieutenante.
Cette voix, Ova la connaissait. Elle lève le nez de ses songes pour croiser les prunelles de Onyx. Elle écarquille les yeux et son souffle se coupe un instant. Elle ne s'attendait pas à le revoir, pas ici et pas maintenant.
Ova l'a connu pendant qu'il faisait ses classes mais n'a pas été sa chef directe, elle a cependant eu l'honneur de le connaître avant ça. Avant qu'il ne s'apprête de cette aura mélancolique qui ne faisait que coller sur chaque parcelle de son épiderme.
Lorsqu'il était encore ce qu'il était, Ova avait suggéré à Onyx de la tutoyer, mais il a refusé. C'était le signe d'un jeune homme équilibré très épris de la droiture, du respect et de la justice.

•• Je ne vous savais pas un attrait pour les plantes. Je sais que votre verbe administratif sait se montrer très fleuri, mais de là à se matérialiser physiquement…

Ova esquisse un sourire et plisse les yeux sur le bouquet qu'elle tenait dans ses deux mains.

•• Bonjour Onyx.

Elle suit son regard, un peu troublée et ne sachant vraiment que dire.
Ça va ? Comment les choses vont maintenant depuis l'affaire ? Non, il était hors de question de demander ce genre de chose. Malgré les longs mois sans se voir, elle avait toujours une petite pensée pour lui. Ce n'est jamais la place que l'on veut mais elle trouvait son histoire affligeante. C'était un sujet épineux et elle n'avait pas pu avoir accès au dossier, c'était normal après tout. Mais en fin de compte, elle n'a jamais pu lui proposer d'aide ni même des mots d'encouragement lorsque tout a basculé. Tout ce qu'elle sait n'est qu'une partie de l'iceberg et elle prenait soin de ne pas se mêler de ce qu'il ne la regardait pas.

Par le passé, elle avait pu discuter avec lui et lui dispenser quelques conseils. Mais ce garçon n'est plus, celui devant elle semblait différent mais similaire.
L'origine de son trouble était là, comment dire les choses ? Parfois, il suffit de fermer les yeux et de passer à la suite.

Onyx reprend et l'invite à marcher avec lui avant de lire. C'est vrai, il tenait un livre dans sa main et a en jugé par la couverture, ce n'était pas de la love story.
On le fait tous, nous jugeons et possédons un certain intérêt pour les couvertures : ce que l'on voit en premier. Même si parfois la première impression reflète ce qu'il se cache à l'intérieur, il arrive que l'on découvre une toute autre chose. Ova aimait lire, entre deux pièces de crochet, dans son canapé bien cher : gage de qualité pour le coup.

•• Avec plaisir, je comptais...aller par là.

Ova ne voulait pas forcément dire qu'elle allait visiter son père à l'hôpital, mais la vie est joueuse et c'était justement la direction à prendre. Lorsque son père est tombé malade, Onyx venait juste de rejoindre la lignée alors il sait qu'il n'est plus en fonction pour le moment. Difficile d'être le commandant avec cette santé et bientôt impossible d'être encore un père. Mais ça, personne le sait encore et nous allons garder cette partie de l'histoire pour plus tard.

Ova avait oublié qu'elle le tutoyait par le passé, semble t-il.

•• Que lisez-vous en ce moment ?

dit-elle en jetant un oeil, une nouvelle fois, à ce livre de poche qui éveillait sa curiosité.

Onyx est si grand à côté de Ova.
Il est brisé, elle ne l'est pas encore.




•• ova est agréablement surprise de voir Onyx.

•• elle ne souhaite pas reparler du passé qui est certainement encore bien trop douleureux.
Ova
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le cœur au bord des yeux



L’avantage de croiser quelqu’un comme toi, Onyx, c’est que tu n’es pas trop chiant. Pas indiscret, pas irrespectueux, pas intrusif. Non, rien de tout ça. Tu ne te soucies pas de connaître les problèmes des autres. Tu l’étais autrefois, bien sûr, mais à l’époque, tu avais cette présence sincèrement positive et réconfortante. On avait l’impression que le monde pouvait s’écrouler autour de toi, et tu pouvais le porter à bout de bras, le sourire aux lèvres, comme un Atlas... Hélas... tu n’as plus ce sourire, mais tu dégages toujours une présence rassurante, car tu es calme et posé. La précision de tes pensées et ta recherche de solutions rationnelles sont toujours là.

Le son de sa voix n’a pas changé, c’est agréable. Douce et suave à la fois à tes oreilles. Un léger sourire satisfait fend ton visage. Ova est une personne saine, avec uniquement des « drapeaux verts » au début, et tout au long du chemin de l’amitié que l’on trace avec elle. Pudique et raisonnable, ambitieuse et courtoise, tu as l’impression que les souvenirs sont bons, même si aucun ne te revient en mémoire immédiatement. Pourtant, elle n’a pas l’air aussi serein que tu te l’imaginais, mais cela t’importe peu. Chacun vit ses émotions et ses situations, ignorées des autres.

La dame de l’ordre semble prête à t’accompagner. Vos pas convergent vers des points qui nécessitent le même chemin.

« Je vous accompagne alors. »

Ainsi commence cette balade aux allures pastorales. Dans les vallons pavés entre les montagnes habitées, vous savourez les parfums épars de la nature, semblables à des confiseries. Tu marches au pas, une mauvaise habitude de rythmer le personnel et le professionnel, mais tu t’adaptes à la démarche de la bergère de tes souvenirs policiers.

À sa question, tu portes ton regard sur la couverture blanche que tu tiens dans ta main. Elle n’est marquée que par une identité et un titre. Un format très sobre et sans artifices.

« Un thriller policier. Je savais que l’ouvrage existait dans des formats plus traditionnels, publiés par d’autres maisons d’édition, mais je n’aime pas les livres qui prennent trop de place. Ils se rangent mal. »


Tu t’égarais légèrement et interromps cette digression esthétique pour revenir à l’essentiel : le livre.

« La protagoniste recherche son fils disparu avec l’aide d’une organisation. L’histoire se déroule dans les tréfonds des souterrains d’une ville qui ressemble à l’Arceau. C’est un sujet très classique. Le scénario manque peut-être d’originalité, mais la richesse du vocabulaire compense largement. C’est une bonne lecture. »


Vous arrivez à proximité d’un parc, où quelques food trucks s’alignent en une rivière de gourmandises  avec des odeurs particulièrement agréables. Plus loin, quelques enfants jouent, sautillent, courent et grimpent sous le regard attentif de leurs parents. Des couples se promènent ici et là, leurs sourires dégoulinant de bonheur. Chacun semble avoir trouvé le berger de son âme et préfère s’éloigner du troupeau caduque des tentations adolescentes.

« Comment se porte le commissariat ? L’administr... Non, laissons le travail de côté, je pense qu’il y a de meilleurs sujets à aborder. »


Mais lesquels, Onyx ? Tu es aussi fade que du riz sans sel et tu ne fais rien de tes journées, en dehors de ton rythme stoïque et millimétré.

« Vous lisez quelque chose en ce moment, Ova ? Peut-être des lectures plus exotiques que celle que j’ai en main ? »


À travers les feuilles, le soleil perce, formant des flaques de lumière sur le chemin. Plus loin, quelques enfants sautent d’un éclat de lumière à l’autre, et vous ne tarderez pas à arriver à leur hauteur.





Onyx fait sa marche post-sport pour aller lire paisiblement dans un petit coin.
Il se fait petit dans les rues et finit par croiser Ova qu'il aborde de façon assez formelle et lui propose finalement de marcher ensemble si leur trajet fait route commune.
Onyx
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le cœur au bord des yeux

i pinch myself to make sure that i'm real, i hurt myself to make sure I exist

Il semblait être différent ; son regard semblait esseulé, la ligne de ses lèvres bien droite, ses expressions presque absente son aura maussade. Comme si ses épaules, pouvant porter les peines du monde, s'en trouvaient trop abîmes. Trop blessées.
Ce qu'Ova savait, c'est qu'il avait dégringolé de sa haute tour de lumière. Il lui faisait penser à ces êtres inanimés de la flamme humaine. Sa mélodie, était-elle boulot - dodo - manger ?

fatigué, si fatigué.
le monde pourrait brûler.
il est si las.
c'est dans sa tête que les mots ne veulent pas venir.


Les deux anciens camarades marchent côté à côté et, comme à son habitude, le pas de Ova est rapide. Elle ne se rend pas compte de son allure pressée qui lui vient de son père, une caractéristique de plus parmi les autres.

Ova sourit à la mention des "livres qui prennent trop de place". C'était le contraire pour elle, elle aimait les gros livres, les trouvant rassurants et faciles de s'y perdre. Elle aimait les belles couvertures, leur rigidité était aussi un attribut qu'elle préférait. Il faut dire qu'elle avait bien de la place chez elle. Si elle était séduite par le corps d'un livre, ce n'était pas le cas pour les relations humaines. Pour exemple, Set était d'un nature calme voir effacé: elle ne le trouve pour autant pas inintéressant. Il en va de même pour son amie Ace, qui n'est plus celle qu'elle était. Un peu comme Onyx.
Soyons honnête, le physique est la première chose que l'on voit, et même avec de bonnes intentions, le cerveau humain juge cette couverture.

Malgré leur goût différent en matière de livre, elle comprenait parfaitement le gain de place. Il était un homme ordonné sous ses airs nonchalants.

Ova hoche la tête et s'étonne de voir le jeune homme aussi bavard. En vérité, elle était heureuse de voir qu'il prenait soin de faire la conversation. Peut-être que le garçon d'autrefois était là, enseveli sous les méandres de sa calamité.
Ova ne voulait pas l'interrompre, surtout pas.
En ce qui la concerne, elle ne lisait jamais de romans policiers : les siens étaient réels dans sa vie d'enquêtrice.

•• Comment se porte le commissariat ? L’administr... Non, laissons le travail de côté, je pense qu’il y a de meilleurs sujets à aborder.

Leurs regards se croisent un instant; les yeux miel sur l'unique carmin.

•• Vous lisez quelque chose en ce moment, Ova ? Peut-être des lectures plus exotiques que celle que j’ai en main ?

S'il fallait parler travail, elle n'était pas contre. Après tout, ils avaient certainement beaucoup de choses à se dire sur ce sujet.

•• Et bien, je viens de terminer un livre écrit par le champion de taekwendo, très inspirant. Je constate que je n'ai visiblement pas fait le tour de ce sport. Sinon, j'ai commencé un livre sur la mort.

Soudain, la bombe fut lâchée. La lieutenance pourtant si prévoyante se tut brutalement. Cela lui avait échappé et elle se mordit la lèvre inférieure.
Bon.
Certes, il était hors de question de parler de sa passion crochet et de sa bible des tissus maillés. Mais de tout de même. Elle reprit rapidement.

•• Pardon Onyx, je ne voulais pas... enfin.

Ova n'en menait pas large et serra le bouquet contre elle.
idiote.
Déjà que Gabriel l'avait superbement évité au temple des anciens alliés. N'était-elle que bonne à enquêter et mettre derrière les barreaux ?
Finalement, avait-elle ce point commun de n'être (bientot) qu'une maquette ?




•• ova apprécie la compagnie de Onyx.

•• elle fait une bourde en parlant de mort et s'en veut. (à juste envie de mettre fin à leur promenade pour fuir à toute jambe)
Ova
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le cœur au bord des yeux



Sa cadence, tu n’as aucun mal à la suivre, tu marches toi-même assez vite avec tes grandes guiboles, n’est-ce pas ? Tu n’irais pas jusqu’à te comparer à une comète, bien que tu lui ressembles en bien des manières.

Vous vous écoutez, aucun ne se coupe la parole, c’est agréable d’être ainsi respectueux. À chacune de tes phrases, tu as la sensation que ses yeux répondent silencieusement, que son corps tressaille à la réflexion de la prochaine phrase. Ova a cette expressivité pour deux personnes, ça tombe bien, tu n’en dégages aucune. Le monde semble graviter autour d’elle, rayonnante et stellaire, le brun de ses cheveux oscillant entre les deux satellites accrochés à la monture qui lui encadre le visage et attire la lumière à elle. Tu n’es pas d’un naturel souriant, mais tu sais reconnaître les présences rassurantes. Est-ce dû au mentorat qu’elle a assuré auprès de toi ? Est-ce un souvenir mélancolique d’une époque aspirée dans le trou noir de ta mémoire ? Tu as encore les stigmates internes de ce sentiment rassurant. C’est peut-être même de l’admiration pour celle dont la droiture se pose en modèle de vertu. Quoi qu’il en soit, tu redécouvres quelques couleurs à la palette achromatique dans laquelle tu vis.

Les enfants qui jouent dans les cercles de lumière ne sont pas loin sur votre chemin, mais cette petite nuée ne devrait ni vous détourner de votre chemin, ni de votre discussion. Quoi qu’il en soit, vos lectures sont opposées en ce moment, mais tu reconnais un sujet assez niche dans lequel ta curiosité pourrait bien se poser.

Pourtant.

Le sujet dérive bien vite, la vitesse de croisière s’étiole alors que le navire spatial prend quelques turbulences.

Les enfants passent à travers, zigzaguent, coupent votre trajectoire et l’un d’eux te percute, tombe déséquilibré. Tu n’as pas encore répondu à Ova bien qu’elle s’excuse soudainement. Silencieux, tu relèves l’enfant derrière toi d’un bras fort, et ton sourire fade n’exprime rien, pas même de l’agacement. Cette figure morne, vide, d’une planète cratérisée est effrayante et fait fuir les enfants. Tu te retournes pour faire face à la policière qui s’est déjà excusée. Le léger vent qui passe entre vos cheveux ne renvoie pas la même intention, il est froid, lourd, le temps semble être une éternité avant que tu ne finisses par répondre.

« C’est un sujet comme un autre, Ova. Tu ne t’excuses pas auprès des fleurs que tu as dans les mains pour les avoir arrachées à leurs racines, non ? Pourtant elle vont mourir. »


Froid et pragmatique, ajouté au son de ta voix, c’est peut-être même pire, Onyx. Tu viens fixer la nébuleuse de tes iris dans les siennes.

« Pourquoi s’excuser ? Ce n’est pas toi qui l’ai tué à ce que je sache, je n’ai fait qu’appliquer le protocole nécessaire. Ça fait partie du contrat pour lequel nous avons signé, Ova. C’est tout. »

Tu reprends la marche pour la dépasser à nouveau. Sous cet angle, avec ce genre de sujet, tu apparais peut-être encore plus grand ou imposant. Le bonheur des autres citoyens autour de vous est intact, tous partagent ces mêmes moments de plaisir du quotidien où ils parviennent à oublier… où ils connaissent encore l’insouciance.

« C’est intéressant comme sujet. La mort, à bien des aspects, est une situation qui macule tant de situations et d’émotions. On se rend compte trop tard qu’on ne s’y prépare jamais réellement avant de la connaître. Chacun vit le deuil différemment, certains ne le font jamais, ils vivent avec une porte entrouverte sur le passé et l’air de nostalgie qui s’y engouffre éternellement. D’autres peuvent vivre ça comme une libération. Ça nous rappelle que nous ne sommes que des choses temporaires dans ce corps en location, et que nous n’avons que le pouvoir de réagir à ce qui nous entoure, jamais d’être l’origine de changements à grande échelle... »

Tu reprends alors ta marche, invitant d’un geste à être rejoint.

« La thématique t’inquiète ? On s’y intéresse souvent lorsqu’on y a été brutalement confronté, lors de troubles de l’esprit, une certaine incertitude, ou qu’elle arrive. »

Décidément, chaque nouvelle phrase porte un peu plus la preuve que tu n’es pas de très bonne compagnie. Vous parliez d’encre sur une feuille et maintenant d’épitaphe sur une pierre.





La discussion prend une tournure plus lugubre au sujet de la mort. Entre Onyx qui est brisé après sa rencontre et la façon dont il en parle avec un détachement glacial, il invite Ova sur ce sujet qui semble toujours tabou à côté d'Onyx. "Ce n'est qu'un sujet parmi les autres". Il invite même la policière à éluder le "pourquoi" elle s'intéresse au sujet.
Onyx
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le cœur au bord des yeux

i pinch myself to make sure that i'm real, i hurt myself to make sure I exist

Les enfants ont cette facilité à être obsédés par le temps présent, les moments volés et l'espièglerie de leur âge. Ils jouent, crient, rient, se bousculent et s'amusent. Un bobo les fait pleurer puis la minute suivante, ils ont déjà oublié. Mais toi Ova, on te l'a volé ton enfance . Elle est passée de la petite fille que l'on dénigre à celle que l'on doit éviter car elle est méchante. Elle ne l'aimait pas cet œil, il ne lui servait à rien et la rendait disgracieuse. Comme toute petit fille, elle faisait un caprice quand on en parlait.

Alors Ova ne fit pas vraiment attention à ces enfants devant eux, mais captait leur présence. Quand leurs jeunes yeux la regardaient, ils soufflaient d'admiration, car "le cache-œil est trop cool" ou alors "elle a un pouvoir magique".
Si Ova navait pas mentionné la mort précemment, elle aurait esquissé un sourire au moment où l'un de ces agneaux trébucha près de Onyx. D'un bras fort et sûr, il releva le petit être qui lui gratifia d'un sourire. Ce petit garçon écarquilla les yeux et regarda l'homme avec admiration en le remerciant timidement.

Mais... Onyx avait ce même regard, ça ne l'avait pas quitté. En réalité, bien qu'il portait ce même parfum, Ova avait l'impression qu'Onyx n'était plus Onyx. Tout était différent, il avait déjà tant traversé.

Après ce qu'il sembla un siècle, Onyx répond : les fleurs arrachées vont mourir. C'était bas, mais aussi vrai, alors Ova reprit son masque sérieux. Elle n'était pas blessée, en fait, elle comprenait. Elle avait commis un impair, celui de s'excuser au lieu d'en parler librement. Son honnêteté et son affection naturelle pour lui avaient mis l'accent sur des souvenirs.
La suite n'étonna pas la jeune femme, bien que cela remonte un peu, il agissait comme s'il était enfin passé outre. Mais en réalité, Onyx montrait tout l'inverse de ce mirage qu'il présentait.
Une coquille vide.

Le deuil ? On apprendre à vivre sans ou au contraire, avec.

•• Hm, peut-être bien. Mais c'est un sujet si vaste et ô combien intéressant.

Ova en avait vu des cadavres, que ce soit sur des accidents, des scènes d'infraction ou bien des autopsies. Le résultat était le même pour elle: on en oublie que ce sont des humains, on ne voit que de la chair. Ce n'était pas de la déshumanisation, mais de la protection.

•• Les fleurs et les humains sont pareils en fin de compte. Elles apportent la joie, le bonheur pour quelques instants puis elles reviennent à la terre. Leurs graines s'éparpillent pour un éternel recommencement.

Mais, bref.

•• Onyx, comment se passe ton quotidien dans ton unité d'intervention à présent ?

Ova était au courant de bien des choses, mais pas de son après. Elle le regarde un instant puis reporte son attention sur l'horizon, le vent s'engouffrant dans sa longue chevelure pour se nicher dans son cou. Il était si facile d'être avec lui, vous aviez naturellement chassé le vouvoiement sans vous en rendre compte.
Onyx était agréable.




•• ova reprend son serieux et est curieuse quand à la vie actuelle de Onyx.

•• elle comprend parfaitement les mots de Onyx bien que cela tranche avec la personne qu'elle a connu par le passé.
Ova
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