comme une perpétuelle agonie
J'ai saturé
Mal à la tête mal au corps
L'impression de toujours courir et de fuir, mais ce qui me suit me rattrape plus vite que l'échappatoire -et je reste à crever dans la haine (tu étais au dessus de ça, pourtant), le monde me noie dans son incompréhension (est-ce que tu regrettes maintenant ?)
Rendez-moi ma voix rendez-moi ma mère,
rendez-moi une vie où je me sentirais vivant d'un peu de misère
C'est dans les rues noires que j'étais en vie (s'infliger des douleurs dans les bras d'étranges) et j'y retournerai sans hésitation si seulement ça pouvait tout effacer (fais comme ça te chante, mais tu ne changera jamais le passé, les écorchures et ce que ta naissance t'as donné) et si seulement je pouvais y faire un pas sans t'inquiéter (tu sais faire que ça, l'inquiéter, tu finiras par le tuer).
Y passer le vent sur la figure
le sentir souffler à arracher les sens
et
ne penser à rien
se perdre
courir
fuir le flot des pensées
(oh elles te rattraperont, arrête de te faire des idées)
Imbécile
Imbécile,
à s'être dit qu'il supporterait encore le blâme, imbécile à ne pas admettre que des fois ça fait mal imbécile de se sentir incompris jeté et abandonné -imbécile de se convaincre à tort que ces sensations étaient égoïstes et injustifiées.
(Azur tu cours)
Je sais où je vais
(Combien de temps encore est-ce qu'il tiendra à te supporter avant de casser)
Je sais pas
(Vous êtes déjà trop abîmés)
Mais ce soir je me perdrais pas, je rappellerais pas ce que c'était autrefois
(Un jour ses bras te seront complètement fermés)
…
…
...le sol est froid.
(Tu sais plus depuis quand tu t'es arrêté, pas vrai ?)
Il avait besoin de se reposer.
De laisser tomber son dos -son être tout entier- le long d'un mur et d'enfouir son visage dans ses mains (de respirer). Depuis le temps il connaissait cet endroit -cette maison par cœur, et pourtant il avait peur. Ils étaient trop maladroits, il avait trop fait n'importe quoi, alors aller vers lui quand il n'avait plus que ça, est-ce qu'il avait vraiment le droit ?
Il essayait vraiment fort
de ne pas lui en vouloir
surtout quand c'était lui qui lui avait demandé de faire usage d'une chose qu'il n'avait plus -qu'il n'avait pas. Parce que -parce que c'était lui-même la seule personne qu'il pouvait blâmer pour la perte de sa voix.
Il le savait mais le monde aussi savait que c'était plus facile de chercher un coupable plutôt que d'admettre qu'il n'y en avait pas -ou que c'était soi.
Il courrait depuis qu'il avait quitté les murs aseptisées du commissariat ; qu'on lui avait attribué une faute qu'il n'avait pas, tout ça parce qu'il avait encore fait confiance et que l'esprit de vengeance l'avait suivi jusque là.
Elliot et les autres pouvaient briser autant de poubelles et taguer autant de murs qu'ils le voudraient -il les blâmerait pas.
Mais un geste de trop ;
il avait voulu les protéger,
et il avait eu conscience trop tard que c'est le mauvais qu'il avait accepté de protéger. Parce que Elliot et les autres, eux, ils avaient rien fait.
C'était pas lui ;
c'est pas moi
(pour une fois, c'est pas toi.)
Et puis
et puis il est monté
il a sonné et quand la porte s'est ouverte il lui a fallu trop d'efforts pour ne pas se décomposer. Et si -et si Ariel ne voulait pas qu'il reste, et si cette fois il lui demandait de s'en aller ? Il a juste fait un pas et sa tête tournait trop, il s'est adossé contre le mur pour ne pas se laisser tomber. Il savait pas quoi dire Azur et avec Ariel ça marchait pas de prétendre que sa voix fonctionnait pas -parce qu'il mentait, parce qu'il se cachait juste derrière ça.
« - Je sais pas ce qu'on est allé te raconter mais... c'est pas moi... tu sais que c'est pas moi. »
Mais en réalité il s'en fichait ; il savait qu'Ariel s'en fichait que ce soit lui ou pas. Que la casse de quelques poubelles importait moins que sa sécurité -que leur fragile amitié.
Sa voix était un murmure et pourtant on la sentait trembler
foutue vulnérabilité
« - Peut-être qu'elle a raison, peut-être que je... je suis juste un gamin... Je voulais juste éviter les problèmes, et au final, j'ai fait n'importe quoi... »
Ariel était le seul qui pouvait le voir comme ça ;
à qui il pouvait se montrer comme ça,
malgré tout,
malgré l'amertume et les échanges maladroits.
Tombé au sol, les bras dans un cocon, à se réfugier comme l'enfant qu'il était autrefois.
« - C'est trop loin... Je peux pas rentrer chez moi. »
Il se sentait peut-être un peu trop vulnérable pour rester seul ce soir-là.
Après le passage au commissariat, trop angoissé pour rentrer chez lui ; Azur se réfugie chez Ariel en cherchant un échappatoire et en quelques secondes il craque