vestiges de vanité ••• alioth

Il a cessé de pleuvoir, une brève accalmie. Abrité sous ce qui fut une arche (elle t'aura semblé assez solide pour être un refuge plutôt qu'un cercueil), tu regardes les gouttes rouler des feuilles de lierre à tes pieds. Ce faisant elles deviennent, à leur insu, métronome: le temps passe ici comme ailleurs, mais avec des sabots de fer et la dévoration au ventre. Il a emporté avec lui le secret de cette ruine.

Jusqu'à aujourd'hui, peut-être.

Distraitement tu joues avec les gravats du bout de ta chaussure. Tu as préféré arriver en avance au rendez-vous pour faire un rapide repérage. Ta dernière visite à Antan remonte à quelques mois, tu ne savais pas si la morphologie de ce lieu rendu à la vie sauvage serait toujours la même. Ici, il suffit de l'effondrement d'un pan de mur qui jusque là tenait bon pour redessiner tout un quartier. Et puis, on ne sait jamais sur qui (sur quoi?) on pourrait tomber.

C'est d'ailleurs pour ça que tu as été engagé. Pas forcément un garde du corps, en tout cas un éclaireur… L'annonce n'était pas des plus précises. Celui que tu attends est un chercheur du Collegium, un historien qui s'intéresse aux vestiges d'Antan. Mais ces gens-là passent leurs journées le nez dans leurs bouquins ou devant un écran, alors tu dois lui servir de guide et surtout veiller à sa sécurité. Quand on ne sait pas où mettre les pieds, Antan est un vaste piège, une catastrophe qui attends son heure avec la patience des vieilles pierres qui n'ont plus rien à perdre.

Est-ce qu'il voudra voir les murailles?

Est-ce qu'il voudra voir ce qu'il y a derrière?

Vous verrez bien. La mission t'amuse et surtout, tu brûles de curiosité. Tu n'as jamais rien trouvé d'intéressant ici… mais tu n'as pas le regard d'un historien.