Singularité
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chaque soir, espérant des lendemains épiques


Andraste fixe la plateforme surelevée, son ennui tangible, tandis que s’y succèdent des silhouettes sans intérêt.

Ce n’est pas sa scène.

Elle a été forgée par les souffles chauds que produisent les chaudières tubulaires des usines, par les hurlements fébriles des médaillés, par cette réverbération acoustique des coups sur les corps — et toutes les mélodies proposées ici ne sont pas aussi expressives, ou du moins n’ont pas le même genre d’expression, que les cantiques des damnés qu’elle poursuit.

Sous son chapeau, derrière ses lunettes de soleil, Andraste se fond dans l’anonymat.
De temps à autre, quelqu’un l’aborde — c’est qu’elle est seule, nonchalamment appuyée contre un lampadaire, dans l’attente de quelque chose ou de quelqu’un à en juger par sa posture raide — mais son silence poli suffit à éloigner les importuns.

Puis, un garçon monte sur la scène.

( « Tu le reconnaîtras immédiatement, Andraste. » )

C’est lui qu’elle attendait.

Il y quelques temps déjà, Andraste a souhaité faire la connaissance de la dernière recrue des Éclats.
Andraste
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Chaque soir, espérant des lendemains épiques

Les cordes résonnent au rythme de ses doigts

On lui avait offert une scène.

D'autres possibilités que sa voix pour s'épanouir ; une autre façon de s'ouvrir. Les cordes d'une guitare pouvaient exprimer autant de mots silencieux que la parole le pouvait, mais il avait parfois cette étrange impression qui le hantait -comme si c'était un peu rouillé.
Il ne savait pas où il était ;
quelle était la scène sur laquelle il allait monter ;
et ces regards bientôt autour de lui, est-ce qu'il leur appartenaient ?

Éclats,
comme celui dans ses yeux qui ne brillait pas assez.

Aujourd'hui sur cette petite scène il serait seul et c'est lui qu'on remarquerait. Mais avec juste le son d'un instrument, est-ce qu'il arriverait vraiment à attirer l'attention ? Quand les membres de son groupe l'accompagnaient ils étaient là pour le compléter -et quand il avait pu chanter sa voix n'avait jamais eu de mal à captiver.
Mais maintenant...
Maintenant qu'il n'avait que ces cordes factices pour s'exprimer, quel impact ça aurait ? Douter était quelque chose que les années avaient commencé à lui faire oublier et pourtant aujourd'hui, ça revenait.

Et hormis celui qui l'avait abordé ce soir-là il ne les connaissait pas -mais il savait que quelque part au creux de cette foule, ils étaient là.
Pourquoi ?
Il ne se démarquait pas plus que n'importe quel autre talent -ou peut-être qu'il ne le reconnaissait pas. Il avait confiance mais pas une confiance arrogante, plutôt celle qui se modérait, celle qui savait s'arrêter.

L'heure tournait ;
les tics dans sa tête, les tacs dans la foule, l'impatience au milieu des latences et puis ce son qui brise le silence et qui l'annonce. Un pas après l'autre et la guitare à la main ; c'est sa scène maintenant, et s'il voulait ne serait-ce qu'espérer la quitter il ne pourrait le faire qu'en tombant. Et peut-être qu'il appréhendait mais Azur n'avait pas l'intention de tomber -il trouverait toujours le moyen de se relever, il l'avait toujours fait.
Et puis cheveux bleus au vent,
t-shirt légèrement ajusté et son short qui se révèle mieux quand sa veste tombe il se métamorphose ; passant de ce garçon qui cherchait à rester discret à ce musicien qui s'attirait tout les regards et s'y complaisait. Quand il était sur la scène ce n'était plus la même chose et il était un autre Azur, il brillait,
se forçait à raviver cette flamme qui n'avait jamais pu cesser de brûler.

Ses cheveux, flamboyants comme une lumière bleue...
Et quand ses yeux se lèvent de la scène un moment et plongent dans la foule alors que les notes ne cessent de tonner il la voit, même pour un instant -elle était comme lui, les cheveux impossibles à manquer à la seule différence qu'ils n'étaient pas pareillement colorés.

Sa prestance...
Il avait l'étrange sensation que ce n'était pas la première fois qu'elle venait -ou peut-être que c'était cette nature imposante qui lui faisait cet effet.




Il n'avait jamais rencontré la cheffe jusqu'à ce jour-là ; où il l'aperçoit dans la foule, alors qu'il s'est enfin donné le courage de jouer seul sur scène pour prouver de quoi il était capable.
Azur
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chaque soir, espérant des lendemains épiques


Andraste observe la transformation d’Azur avec une curiosité lancinante, presque malgré elle. Le garçon qu’elle attendait, qui monte sur la scène avec un flottement palpable, n’était pas exactement ce qu’elle imaginait, mais au moment où il commence à jouer, Andraste perçoit le brasier vacillant d’une dualité qui l’intrigue.

Sincérité fruste dans la musique, notes d’une lutte intérieure qui résonne en écho avec les leurs.
Ah ! Voilà devant elle un autre genre de guerrier — un révolté du coeur.

Andraste reste là, immobile, mais cette impassibilité n’est pas tout à fait celle de l’ennui, mais plutôt celle de l’étude. Car elle trouve quelque chose de fascinant dans ce garçon, et dans son monde, le fascinant est rarement ignoré. Les bras de la championne se referment autour de son corps, comme pour s’ancrer un peu plus dans le moment. Ils ne se délient que lorsque la note finale d’Azur s’élève dans les cieux, pour applaudir le musicien avec le public.

Andraste imagine très bien quelle rôle Azur peut remplir pour les siens.
Andraste
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Chaque soir, espérant des lendemains épiques

Les cordes résonnent au rythme de ses doigts

Ses doigts connaissent les notes par cœur ;
à glisser,
gratter, tonner,
il les répétait sans même avoir besoin d'ouvrir les yeux ou de regarder -son âme en était déjà imprégné. Ça devait combler le vide, la musique devait être un chant silencieux pour remplacer. Et ça devait lui plaire, le satisfaire, ça devait suffire à le calmer... Mais toute l'ardeur qu'il y mettait ne suffirait pas aux yeux des plus doués, à cacher cette petite lueur qui déclinait.

Il avait beau essayer,
toutes ses forces ne suffisaient pas à tout porter.

Mais il jouait ; jouait jusqu'à ce que le cri des cordes noie bien trop ses pensées, au moins ça n'était pas difficile d'oublier.
Et puis,
et puis c'était fini l'instant d'après.
L'adrénaline, le silence ; le souffle court et les applaudissements. Les regards sur lui et les joues rouges de s'être trop donné, un sourire vague que ses lèvres avaient du mal à arborer. Il était doué pour ça -se faire reconnaître, se démarquer le temps d'un instant et puis on oublierait. Jusqu'à ce qu'il revienne, on aurait pas à s'en soucier. La foule s'en irait, habituée à ce genre de spectacle, et on penserait à Azur seulement quand on le verrait dans des revues ou à la télé.
Autrement personne ne s'intéressait vraiment à ce que ces cheveux bleus cachaient.

Mais...
elle,
elle n'avait toujours pas bougé.

Ses cheveux rouges, le regard qui flamboie ; ses mains qui se joignent pour le féliciter, il a l'impression un instant qu'elle l'observe différemment. Ses yeux... comme s'ils n'étaient pas comme les autres, pas que pour l'artiste et la bonne musique -mais là pour lui, Azur.

« - ...pourquoi ? »

Guitare abandonnée, masque remonté, foule qui se déliait ; il avait réussi à leur échapper pour s'approcher de celle que son attention convoitait. Sa voix se perdait dans un murmure parce que ça faisait trop longtemps qu'il ne pouvait plus l'élever.
Il n'était pas sûr ;
pas sûr de qui elle était, de ce qu'il avançait. Mais son instinct lui disait qu'elle n'était pas qu'une âme égarée dans la mêlée.

« - Je... Je suis un bon musicien. Mais j'ai rien de très remarquable. Je comprends pas... ce qui a pu vous intéresser. »

Un parasite au fond de lui lui susurrait que ça aurait sans doute été évident à comprendre s'il avait pu parler. Si sa voix avait pu porter aussi loin, et charmer...
Mais dans cet océan de lutte et de peines,
il avait encore du mal à se rendre compte de ce qu'il valait.




Il ne sait pas qui elle est mais sait qu'elle n'est pas n'importe qui
; alors après avoir fini de jouer, il lui demande, "pourquoi m'avoir accepté comme éclat ?"
Azur
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chaque soir, espérant des lendemains épiques


Sa curiosité manifeste pour le jeune homme se dissipe dès que la dernière note s’estompe dans l’air et que la présence du musicien se confond avec les notes de ses incertitudes. Ses angoisses l’ancrent dans son propre reflet et celui qui ne se confronte pas pleinement au regard du monde ne brille, ni ne rayonne. Et la foule sait réagir instinctivement à cette absence, cette soudaine défaillance : elle se disperse et se détourne vers d’autres distractions.

Azur s’avance vers elle pour lui demander une réponse, mais la Championne n’a pas de réponses à lui fournir : elle n’est pas personnellement impliquée dans ce recrutement, le découvre à peine et seulement sous deux angles. Troublée, elle soutient pensivement son menton de sa main gauche.

« Ce serait merveilleux si je pouvais détenir cette réponse que tu attends des autres. » Andraste, malheureusement, ignore tout de ces sensibilités-là, ne comprend pas non plus la valeur que peut avoir une force empruntée aux autres. Sa main se pose doucement sur l’épaule du jeune homme, dans un mouvement empreint d'une certaine maladresse.

« Allons, un Éclat ne vacille pas tant. »

(Elle perçoit les regards inquisiteurs des passants sur cette drôle de scène.)


Il y quelques temps déjà, Andraste a souhaité faire la connaissance de la dernière recrue des Éclats.
Andraste
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Chaque soir, espérant des lendemains épiques

Les cordes résonnent au rythme de ses doigts

Elle ne savait pas ; bien sûr qu'elle ne savait pas.

Ce n'est pas elle qui était responsable de sa place, sans doute était-t-elle là par un heureux hasard -par curiosité simple de savoir qui était ce garçon égaré.

« Allons, un Éclat ne vacille pas tant. »

Un Éclat...
Un Éclat, c'est vrai.
Elle avait raison ; pourtant le sien ne faisait que trop vaciller dans une frénésie qui ne pouvait pas s'arrêter. Et qu'est-ce qu'on ferait de lui, si un jour il venait à s'éteindre après s'être suffisamment amenuisé ?
Fantôme errant dans un océan de peine,
sans but à se lamenter sur sa perte quand on lui avait donné la chance de se faire une force là où il n'en avait pas -de se trouver une nouvelle voix.

La main sur l'épaule le fait frissonner ;
assez pour lui faire relever sa tête baissée.

Poings serrés, il inspire -tente de se composer une expression plus assurée. Le doute... Le doute n'avait sans doute pas la place qu'il pensait. Qui qu'il soit, et peu importe qui l'ai invité, ça voulait sûrement dire qu'être là, il le méritait. Azur n'était pas un combattant ; mais il se battait, à sa façon. Avec des mots plutôt que des épées, s'exprimant au travers du son de ses cordes plutôt que celui des lames qui s'entrechoquaient.
Sa place...
Il en avait une -ou bien ferait-il tout pour s'en assurer.

« -...ce n'est sans doute pas à vous de répondre. Je dois... pouvoir le trouver moi-même. »

Un soupir ; une inspiration,
une expiration.
Ça ne lui ressemblait pas de ne pas être sûr de soi -il s'était forgé cette image, celui que rien ne pouvait atteindre, au travers duquel personne ne pouvait déceler les faiblesses. Mais celle qui se tenait en face de lui, sans rien dire les avait peut-être percées bien trop facilement -alors il ne pouvait pas se permettre de la décevoir, pas elle,
pas cette flamme.

« - Je ne suis pas un combattant, mais est-ce que... j'aurais ma place dans les arènes ? »

Une inspiration ;
si ça n'avait encore jamais été fait il se disait que c'était stupide cette idée qui lui traversait la tête. Mais il devait... il devait s'exprimer. C'est ce pourquoi il jouait.

« - Ma musique... pour encourager les combattants. C'est sûrement super étrange mais... peut-être que ça ne serait pas si mal ? Encourager et accompagner. Faire entendre ma voix. »




La réaction d'Andraste le convainc de ne pas se décourager, ça ne lui ressemble pas ; aussi stupide soit-t-elle, il ose lui proposer une nouvelle idée.
Azur
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chaque soir, espérant des lendemains épiques


Que sait-elle de la manière dont on réconforte autrui ? Andraste s’est hissée au sommet par la force des armes, de son vouloir et d’une obstination féroce — ces circonstances n’ont laissé aucune place pour d’autres affections dans sa vie. Pourtant, la proposition du jeune homme lui soutire un sourire tandis qu’elle retire sa main de son épaule. Peut-être a-t-il seulement besoin d’être orienté dans la bonne direction (mais une seule fois, pas davantage).

« Encourager ? Quel intérêt ? Les combattants de l’Arène n’ont pas besoin d’être accompagnés pour se distinguer. » Elle le toise de haut en bas, prend en grandeur malgré leur taille similaire. Voilà, les artifices du paraître ne peuvent jamais supplanter l’aura insufflée par la confiance de soi, la connaissance de soi. Et Andraste, qui ne doute jamais d’elle, ne doute ainsi pas de ses protégé·es et les défend avec la ferveur d’une cause personnelle. « Va au bout de tes idées et accapare l’attention de la foule, de toutes les manières possibles. Pourquoi choisir de rester dans l’ombre des autres de ton propre chef ? »

(Dans les semaines à venir, Azur obtiendra la permission de se produire devant les foules des Arènes.
Comment lui refuser une initiative aussi ambitieuse, après tout ?
Quel esprit raisonnable, nouvellement recruté, quémanderait à sa Championne un tel rôle devant un tel public, pour risquer de se confronter quotidiennement à l’apathie d’une foule absorbée par d’autres enjeux ? Aucun !

Peut-être parviendra-t-il un jour à s'extirper de la mélasse de doutes qui le retenait encore.

Et s'il n'y parvenait pas, alors —)

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