Caerleon

Lieu de prédilection des artistes et des amoureux·ses des félins où se mêlent l’envoûtante fragrance du café fraîchement moulu et la senteur (plus délicate) des nombreux chats qui errent dans l’espace. Les résidents de l’établissement se prélassent nonchalamment sur des armoires, s’installent confortablement sur les genoux des habitué·es ou se lovent en hauteur dans des corbeilles tressées pour la satisfaction de toustes. Il est vrai que le café est une bulle hors du temps pour toustes celleux qui sortent justement de l’effervescence des arènes avoisinantes.

Ses murs sont ornés de panneaux de verre teinté qui inondent l’espace de reflets arc-en-ciel, de larges banquettes capitonnées se mélangent aux tables en bois et aux chaises métalliques, et cet ensemble est quant à lui divisé en une multitude de petits sanctuaires intimes, délimités par des étagères qui s’élèvent jusqu’au plafond — chargés de nouvelles romantiques, de maquettes de tramway, et de paniers débordant de pelotes de laine.

Cependant, la véritable attraction de ce lieu unique est son comptoir, où les baristas prennent les commandes avec des sourires étincelants (et probablement, commerciaux). Le succès du roman à l’eau de rose Tant que le café est servi à temps, qui raconte une histoire d’amour bouleversante entre un·e client·e et un·e employé·e dans ce décor précis, a sans doute contribué à la popularité grandissante des lieux (pour le déplaisir du·de la propriétaire qui ne veut pas en entendre parler).

Succession de formes elliptiques, les façades apparentes des arènes se composent de panneaux de verre et de murs en béton de décoffrage râpeux, aux arêtes sillonnées d’éléments métalliques en cuivre — leurs présences semblant souligner les lignes de force de la structure. À l’intérieur, les tribunes s’élèvent en une série de terrasses en étages, chaque niveau soigneusement disposé pour permettre à tout un chacun de profiter pleinement du spectacle en contrebas.

Si le quartier de Caerleon est évidemment renommé pour une multitude d’arènes dites secondaires, qui suivent peu ou prou toutes ce schéma d'architecture, c’est l’Arène appelée des « Sables rougeoyants » qui se distingue comme la plus importante d’entre elles. Il faut dire qu’avec sa piste centrale recouverte d’un sable à la teinte cramoisie, les rumeurs vont bon train. L’on dit que cette coloration proviendrait du sang versé lors des innombrables combats qui s’y sont déroulés, ou bien encore que c’est Ignisentus lui-même qui l’a marquée de son essence divine. D’autres pensent qu’il ne s’agit évidemment que de superstitions ridicules, entretenues par quelques filouteries.

Cependant, nul·le ne peut nier que la présence de la Championne, érigée au sommet des gradins sur son trône tant convoité, impose une tension palpable chez les combattants, qui elle-même sait faire vibrer le cœur des foules.

Cette station, avec son allure singulière, trône comme une relique d’un autre temps parmi les bâtiments modernes qui l’entourent. Son ossature de fer forgé, patinée par les ans, soutient de vastes verrières où des vitraux colorés projettent des kaléidoscopes de lumière sur les quais. Avec les années, Caerleon a traversé diverses métamorphoses stylistiques, et la Gare de l’Esplanade en est le symbole par excellence : des panneaux de verre se mêlent aux colonnes de pierre brute, et de nouvelles structures métalliques s’entrelacent aujourd’hui avec les ornements d’époque. Mais la véritable âme de cette gare réside dans son rôle de marché public. Depuis que la ville a accueilli cette fusion, les arches qui résonnaient jadis des sifflets de trains et des pas pressés vibrent maintenant de l’animation commerciale quotidienne. Jadis, ce n’est pas cette gare qui aurait accueilli les marchés de Caerleon, mais probablement une de ses innombrables arènes secondaires ; aujourd’hui, les citadin·es ne peuvent plus imaginer le quartier des Arènes sans cette Esplanade foisonnante de vie.

Havre de relaxation prisé des sportif·ves et des civi·els en grand manque de décontraction, les bains de l’Arceau ne désemplissent jamais, de l’aube jusqu’au crépuscule. On y découvre d’abord des vestiaires avec douches attenantes (pour femmes, personnes non genrées et hommes) permettant à chacun de se débarrasser de la poussière de l’arène ou de la ville, et c’est uniquement une fois propre que les visiteur·euses peuvent pénétrer dans le cœur des thermes : une vaste salle baignée par la lumière naturelle du jour, filtrant à travers le toit en verre.

Ici, une dizaine de réservoirs différents se succèdent en gradins successifs, offrant chacune des expériences singulières : le bain infusé d’herbes aromatiques, le bassin de boue pour l’exfoliation ; le bain de sable chaud pour défaire les nœuds musculaires, et bien d’autres encore — selon les inspirations des ingénieur·es ou les besoins des saisons.

Bien sûr, quelques règles sont à observer pour préserver l’ordre dans cet espace : propreté irréprochable avant l’immersion, port d’un maillot de bain ou d’une serviette (fournis obligatoirement par la direction) comme la bienséance l’exige, ne pas s’aventurer au-delà de ses limites dans les bains où les températures indiquées peuvent être prises à la légère, respecter la tranquillité d’autrui et, bien sûr, la plus importante de toute… déguster une des petites bouteilles de lait frais une fois rhabillé, disposées en grand nombre sur les étagères à la sortie des douches. Un délice...

À toute heure et en toute saison, le rythme des pas scande l’atmosphère spartiate de l’Institut de Conduction. De là où vous vous tenez, vous pouvez apercevoir une classe d’étudiant·es d’une vingtaine d’années qui se tient, raide comme un piquet, sous le regard sévère de leur instructeur — « Au pas, Étincelles ! » L’écho de cet appel vous fait tressaillir, éveille avec peut-être de lointains souvenirs.

L’Institut de Conduction se dresse comme l’une des institutions éducatives majeures de la cité, dédiée à forger tant les futures milices que les artisan·es de métier. Elle est dans une compétition « désintéressée » avec le Collégium et les apprenant·es de ces deux établissements s’associent fréquemment dans des projets urbains pour faire la démonstration de leurs talents à la population générale. Son nom évoque, selon les cœurs, l’aspiration ou l’effroi : rejoindre ses rangs est une vocation pour certains, mais pour d’autres, une véritable sentence… Car si celleux qui ont foulé ses intérieurs se souviennent de ses vastes cours pavées, de zones d’entraînement multiples, et des légendaires gourmandises du réfectoire, iels attesteront surtout de l’intensité des entraînements et de la pression constante exercée par les instructeurs.

Andraste, accompagnée de ses fidèles, est souvent vue ici, sans doute en quête de prodiges à révéler.