Que la foi guide nos pas.

Cela fait maintenant un peu plus d’un an que tu es revenue des montagnes qui t’ont ouvert l’esprit.
Un peu plus d’un an que ta foi est mise au service des autres afin de, à ton tour, ouvrir l’esprit des égarés.
Ceux que tu étais sensé infiltré sont devenus ta famille. Tes amis. Tes proches. Et le dieu dont tu riais doucement est maintenant ton guide. Toi qui n’étais pas si croyante que ça, au début, tu es devenue obnubilé par la quête sacrée de la Redemption.
Loin de toi l’idée d’être toi-même parmi ceux qui recevront l’approbation du Divin, mais tu désires qu’un maximum d’être puisse jouir d’un Pardon. L’Humanité a-t-elle ses jours de compté ? Tu ne sais pas. Qui es-tu pour le savoir, après tout ? Mais le doute n’est pas permis.

L’événement récent avec l’homme à la chevelure bleue t’a encore plus persuadé qu’il était primordial de continuer d’arrache-pied à informer et essayer de convaincre les arcéens. Les Redemptions ne sont pas que des religieux un peu perchés comme peuvent le penser de nombreux citoyens. Ce sont des messagers. Les porteurs d’un message que beaucoup ignorent.

Alors maintenant, que tu as l’impression que ta vie est dans un moment charnière, tu souhaites balayer le brouillard qui se trouve devant tes yeux. Tu souhaites trouver la suite du chemin que tu empruntes depuis plus d’un an. Est-ce qu’il faut réunir les tiens pour se soulever contre le gouvernement qui occulte l’importance de la foi ? Est-ce qu’il faut continuer à propager cette dernière d’oreille en oreilles, dans les dédales de rue de l’Arceau ?

Tu es un peu perdue.
L’es-tu réellement ? Tes pensées te mènent vers un seul et même endroit.

Les Montagnes de l’Après-Bastide.
Rien que d’y penser, ton cœur s’emballe. La douleur se réveille et parcourt l’entièreté de ton corps.

As-tu hâte ? As-tu peur ?
Dis-moi, Luzie, que ressens-tu ?

Alors après deux-trois jours de préparation, tu te décides à y aller. À y retourner.
Peut-être est-ce un dernier voyage.
Peut-être est-ce le commencement d’une nouvelle vie.
Ou peut-être est-ce seulement la fin qui t’attend.

Tu as écrit une lettre. Une brève missive à l’attention de Rannie dans laquelle, seuls quelques mots expliquent que tu te rends là où ta foi s’est éveillée, au cœur des montagnes.
Tu es parti seule. Tu avais besoin d’y aller seule, sans mettre en danger la vie de quelqu’un. Pourtant, au fond, tu aurais aimé avoir quelqu’un à tes côtés. Une présence qui te sauverait du Silence de ces monts enneigés.
La dernière fois, ce sont les autres qui t’ont sauvé. Cette fois, c’est toi qui y vas pour les secourir.
C’est peut-être trop espérer. Il ne se passera sûrement rien mis à part la Mort. Tu n’as pas peur de celle-ci. Tu n’en as jamais vraiment eu peur. Et tu as même l’ego de pouvoir la défier. Mais c'est en ce moment que tu as besoin de reponse.

Tes affaires sont prêtes et sur ton dos. De quoi manger, boire et dormir. Une carte que tu as étudiée et te voilà parti.

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Cela fait plusieurs jours que tu es parti à l’ascension de ces montagnes qui font frémir ton esprit rien qu’à leur mention. Mais tu dois affronter les réminiscences de tes douleurs afin d’aller de l’avant. Peut-être que la première fois n’était que le premier échelon de l’échelle.

Le Silence de la brise glaciale qui souffle te gèle. Tu le détestes tant. Et pourtant, tu restes là, assise dans le froid, près du réchaud qui te prépare le repas du soir que tu t’apprêtes à déguster avant que l’obscurité n'engloutisse ces monts.

Ton esprit est occupé à écouter les échos du vent qui résonnent entre les sommets. Ton âme est occupée à combattre la solitude, tandis que ton corps est occupé à faire vivre tes organes.
Ton cœur pulse. Il bat la chamade. Comme si tu étais au cœur d’un cyclone, si proche de son œil et que tu savais que malgré la folie qui t’a poussé à être ici, ton esprit est paisible.

A aucun de tes pas, tu n’as douté.
Tu es arrivé là où tout a commencé pour toi.
Là où tu as commencé à voir.
Là où tu as commencé à entendre.
Là où tu as commencé à vivre.

Tu souris.