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De la réinsertion socio-professionnelle (et des pizza) - Set Empty
Quand on est chercheur à temps plein, les journées ne se ressemblent jamais tout à fait. Parfois on fait son administratif, il faut faire attention aux expériences en cours, parfois il faut dispenser quelques cours ou vaquer à quelque obligation, participer à ou préparer tel ou tel colloque… Et parfois, l’esprit bouillonne de tant d’idées qu’il déborde, et qu’il faut en choisir une pour la mettre en pratique.

Aujourd’hui était un tel jour. Un jour d’administratif, donc un jour où Frédérick rêve et pense à quelque plan loufoque, à quelque idée qu’il pourrait mettre en place pour améliorer son espace de travail ou que sait-on (au lieu de remplir ses papiers).

Il poussa un grand soupir. Si seulement il y avait un moyen de faire baisser les coûts des phases de test sur certains des produits qu’il avait commencé à théoriser… Il ne pouvait pas tout financer de sa poche, et le collegium ne pouvait pas non plus financer uniquement ses projets (même s’il aimerait bien). Il devait monter un projet en béton avant de se voir octroyer du financement sur son dernier projet et notamment prouver qu’il pouvait couper quelques coûts sans entacher la qualité de celui ci.

C’était le sujet qui le préoccupait le plus, et il séchait un peu. Du coup, il traînait sur DysCord à faire défiler les messages sans grande conviction (il n’avait vraiment pas envie de remplir ces papiers). Quand il s’arrêta sur un nom.

Set. Il fronça les sourcils. Pourquoi s’arrêter ici ? C’était un bon pote mais il n’allait pas lui trouver de l’argent magique. Qu’est ce qu’il faisait lui déjà ?… Un truc social non ? Mouaif, pas du tout le truc de Frédérick. Pas le temps d’aider son prochain, il faut s’aider soi même. Mais attend une seconde… Et si le prochain pouvait aider Frédérick ? C’est rémunéré des fois la science non ? Et puis les mecs précaires là, d’façon, ils s’en fichent de pas gagner beaucoup ? Un sou c’est un sou ? Mais Euréka !

Revitalisé d’un coup, il saisit son portable à deux mains et envoya dérechef un message à Set. Il savait qu’il lisait rarement ses messages, mais c’était plus une excuse pour dire qu’il avait prévenu. Il ne s’attendait pas à recevoir une vraie réponse, il verrait bien.

« Salut mec tu fais quoi ce soir. » Pas de fioriture pour un pote d’aussi longue date. « J’ai une idée incroyable faut qu’on se voit. Tu taffes toujours avec la prison toi non ? Truc du genre ? Vas y tu sais quoi je passe ce soir tiens toi prêt c’est une bête d’idée même toi tu vas pas en revenir. A toute, je ramène le dîner »

Il était quoi, 10h du mat’ ? Mais déjà ça lui avait éclairci l’esprit d’avoir pu commencer à mettre cette idée géniale sur les rails. Il se plongea dans son administratif en procrastinant à peine.

Lorsqu’il fut aux alentours de 18h, il quitta le travail en trombe. Le génie avait bien assez attendu comme ça. Il passa à la supérette (PAS celle d’Elliot) chopper de quoi boire vite fait, puis direction une pizzeria cheap sur le chemin, et le voilà arrivé.

Comme d’habitude, il ne se fit pas prier. Il toqua trois quatre fois de manière insistante puis actionna la poignée pour essayer de rentrer.

« Set ! T’as eu mon message ? C’est moi j’suis là ! J’te demande pas comment tu vas je connais la réponse. Mais attends voir j’vais te raconter un truc tu vas être emballé c’est sûr »

Il était, à son habitude, avec les cheveux totalement en vrac d’avoir couru partout, une veste simple posée sur ses épaules au dessus d’un tshirt à motif quelconque, un jean un peu stretchy pour rester confortable tout en ayant l’air pas trop mal habillé pour compléter l’outfit. Quant aux pompes, des basket bien trop abimées qu’il faudrait évidemment changer.

Quelle était donc cette idée mystérieuse ? Elle était gardée bien au chaud dans une petite chemise cartonnée que Frédérick portait sous le bras. Vous ne tarderez pas à le découvrir, lorsque les pizza seraient posées et les bières enfin décapsulées…

Frédérick s’emmerde au travail et réfléchit à autre chose. En train de doomscroll sur DysCord, il tombe sur le nom de Set (un pote de l’école/début de vie d’adulte) qui lui inspire une idée géniale. Il décide de se ramener chez lui le jour même avec de la bouffe pour lui vendre son concept…
Frederick
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DE LA RÉINSERTION SOCIO-PROFESSIONNELLE
(ET DES PIZZAS)

ft. Frédérick


Il y a des jours avec et des jours sans. Des jours où tout se passe comme attendu et d’autres où l’on préférerait presque ne jamais avoir ouvert les yeux. Pour Set, difficile d’estimer de quel côté de la balance penche son existence, sa vie bien rangée. Difficile même de savoir exactement sous quel auspice se place la journée à venir. Jusqu’à cet instant, tout se déroulait parfaitement bien. L’homme avait trouvé une place assise dans les transports en commun, il était arrivé un peu en avance au travail et n’avait pas trouvé le moindre dossier urgent sur son bureau. Peut-être avait-il enfin décroché le gros lot après un début de semaine agité.

La réalité l’avait vite rattrapé au collet lorsqu’il avait vu un certain nom s’afficher sur l’écran de son téléphone portable déposé négligemment un peu plus loin. Un long frisson énonciateur avait dévalé son dos. Frédérick ne le contactait que rarement mais lorsqu’il le faisait, cela ne signifiait jamais que des heures de calme et de paix étaient à venir.

Sa félicité revenue à un niveau plus habituel, c’est-à-dire proche de zéro, Set avait attrapé l’objet avec lequel il ne serait sans doute jamais familier pour consulter le message qu’il venait de recevoir. Malgré l’impression qu’il en donnait, il appréciait son aîné, assez pour ne pas disparaître complètement de sa vie comme il avait été capable de le faire pour d'autres. Quoi qu’il arrive, cette fois, la tâche serait plus ardue puisque le chercheur savait où il habitait et ne se gênait certainement pas pour s’y inviter quand bon lui semblait. Exactement comme cette fois-là.

Sans réfléchir plus de quelques instants, l’homme avait pris une décision. Il ne se laisserait pas avoir aujourd’hui. Il n’avait pas fait le ménage depuis deux jours, son appartement n’était de toute façon pas en état de recevoir du monde. Il devait refuser. Soufflant profondément, autant pour évacuer la pointe de stress qui s’était installé au creux de son ventre que pour se donner du courage, Set avait préparé sa réponse.


Bonjour
Passer où ?
Je ne suis pas disponible ce soir
Ne viens pas chez moi_

Des coups portés contre la porte de son bureau avaient aussitôt interrompu son impulsion, comme une plaisanterie du destin. Toute cette histoire l’avait mit en retard pour une réunion et on le pressait de s’y rendre. C’est ainsi qu’il avait abandonné son téléphone sur son espace de travail, sans remarquer qu’il n’avait pas envoyé ce qu’il venait de taper.

Il n’avait réalisé son erreur que des heures plus tard, trop pour que la décence et la bonne tenue ne lui permette d’annuler ce rendez-vous auquel il n’avait jamais consenti. La mort dans l’âme, il avait alors quitté le commissariat un peu plus tôt et avait pressé le pas pour faire un brin de rangement en vitesse.

Une petite demi-heure plus tard seulement, on tambourine à la porte de chez lui, le faisant sursauter. Set se redresse un peu à la hâte, évitant de peu de se cogner contre le petit sofa modeste sous lequel il traquait avec application les moutons de poussière. Il traverse promptement le salon pour apparaître dans le couloir faisant office d’entrée à l’instant où Frédérick découvre que la porte en question est ouverte.


« Ne crie pas sur le palier, entre. Tu fais peur aux voisins, ils vont encore se plaindre de tes visites. »

Il porte toujours sa chemise de la journée dont il a simplement remonté un peu les manches, ses cheveux sont attachés en une queue-de-cheval haute pour ne pas le gêner et il porte même d’horribles chaussons. Son apparence tranche presque violemment avec celle de son invité, aussi hasardeuse que Set pouvait s’y attendre. En revanche, ce dernier n’adopte pas cette attitude rigide qu’on aurait pu lui imaginer. Une main sur la hanche, il désigne le salon de l’autre, attendant que Frédérick s’y engage pour lui prendre des mains les cartons de pizzas qu’il balade. Son regard glisse sur le paquet de bière que le chercheur tient dans l’autre main. Il se fait la rapide réflexion qu’il y en a bien trop pour deux mais se retient de le formuler à voix haute, sachant très bien que c’est un débat perdu d’avant.


« Tu n’étais pas obligé de venir jusqu’ici pour me raconter quoi que ce soit, tu le sais. Je consulte toujours tes messages. »

La pointe de ses oreilles chauffe un peu de honte au souvenir de son erreur de ce matin mais il ne se dégonfle pas. Il dépose les pizzas sur la table basse et s’assure qu’elles sont déjà découpées, prêtes à être consommées.


« Enfin, puisque tu es là… »

Set décline la proposition de Frédérick de passer la soirée chez lui mais oublie d’envoyer le message. Il n’ose plus annuler lorsqu’il se rend compte de son erreur et rentre plus tôt chez lui pour ranger son appartement. Lorsque Frédérick arrive, il l’aide à s’installer pour le repas.
Set
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Frédérick ne se fit pas prier plus de quelques instants pour faire comme chez lui. Alors que Set le déleste des pizza, il se déchausse avant d’avancer à pieds de chaussettes jusqu’au salon. Il dépose le pack de 12 à côté de la table et commence à l’ouvrir et sort sans plus attendre deux canettes d’une marque quelconque qu’on trouve n’importe où, dont on pourrait s’accorder sans mal qu’elles ne sont ni les meilleures ni les pires et que franchement pour le tarif elles avaient même un goût sympa. Toujours sans poser la moindre question, il les décapsule à l’aide d’un stylo qui traînait sur le dossier qu’il avait plus tôt sous le bras et désormais posé sur ses genoux, le geste ayant l’aisance de l’habitude.

Il en dépose une proche de la place de Set, se prend une gorgée histoire de, laisse s’échapper un soupir satisfait, puis répond :

« Je sais bien ! » Aucune ironie. Il avait considéré que Set avait vu sont message ce matin et que l’absence de réponse était une acceptation. Il ne lui était jamais venu à l’esprit que Set n’aurait pas vu son message et de le relancer avant de venir. Ça coulait de source. « Mais c’est plus simple d’expliquer en direct ! Une petite pizz’ une petite bière… Puis comme ça j’peux te montrer ce que j’ai préparé ! » dit-il en tapotant le fameux dossier.

Il se pencha en avant pour prendre une part de pizza dégoulinante de fromage et de gras à l’aide d’un des astucieux petit papier essuie tout que la pizzeria avait gracieusement fourni, et croquer dedans sans attendre. Entre deux bouchées, il continua :

« Ecoute… Tu sais que je travaille dans un laboratoire de recherche, hein ? » Il s’arrêta un instant pour reprendre une bouchée, à peine déglutir et continuer. « Ben. Y a toujours besoin de monde. Tu sais bien. » Gorgée de bière. S’essuie la bouche. « Tu travailles toujours dans le social toi non ? » Cette fois, il avait tout à fait fini sa part et avait l’air un peu plus sérieux. « Ca te dirait pas de faire un peu de… réinsertion ? Les gens chez toi ils ont pas besoin d’un peu de cash pour se remettre dans le droit chemin ? Une activité saine quoi, utile. »

S’essuyant les mains, il ouvrit le dossier pour en montrer le contenu à Seth. Des graphiques colorés, des chiffres partout, des pâtés de texte si denses qu’il fallait plisser les yeux pour les lire correctement. Il tournait bien sûr les pages trop vite pour que qui que ce soit puisse tirer trop d’informations de ces pages, même lorsqu’il pointait du doigt telle partie pour en faire les louanges, et telle autre pour montrer à quel point cette initiative serait vertueuse. Ce qu’il attendait de Set n’était pas encore tout à fait clair, mais en tout cas il avait l’air de vouloir recruter des gens pour le laboratoire…

« Imagine ! Paf, un mec qui a un casier et tout personne veut l’employer. Vous l’envoyez vers le labo on lui trouve un truc à faire, il se remet dans le droit chemin. Bon ok ça sera pas la paie du siècle. Bon ok il fera pas un taff incroyable. C’est mieux que de finir à la rue non ? » Il se resservit une part de pizza avant d’ajouter avec enthousiasme : « Et puis il y a toujours besoin de monde pour la recherche. C’est fou comme peu de monde se pousse au portillon pour essayer les nouveaux traitements expérimentaux. »

Fred pénètre sans plus dé cérémonie dans le logis de Set. Il s’installe tranquilou, se prend une binouze, une part de pizza et rentre dans le vif du sujet : et si on envoyait des gens dont Set s’occupe au laboratoire ? Pour faire des menus travaux ou… tester des traitements expérimentaux…
Frederick
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DE LA RÉINSERTION SOCIO-PROFESSIONNELLE
(ET DES PIZZAS)

ft. Frédérick


Avant de venir s’asseoir à son tour dans son propre salon - où il se sent presque étranger face à tant d’aisance de la part de son invité - Set fait un aller et retour à la cuisine. Il y récupère une seule assiette et une paire de couverts sans s'embarrasser de demander à Frédérick si lui aussi en a besoin. En passant dans le couloir, il s’arrête une seconde pour repousser du pied les chaussures abandonnées là par ce dernier, les alignant proprement contre le mur. Enfin satisfait, il peut prendre sa place sur le canapé.

Il regrette aussitôt, en voyant la canette déposée, de ne pas avoir également pris un verre. Il repousse légèrement la boisson. Avec un peu de chance, il n’aura pas à poser ses lèvres sur la surface en aluminium de celle-ci. Il n’a aucune idée de ce qui a pu traîner dessus et n’a pas envie de le savoir. Distrait par la part de pizza qu’il tente de faire glisser dans son assiette sans se mettre du fromage partout sur les doigts, il reprend la conversation au vol en se redressant.

Cette fois bien attentif, Set regarde son invité manger entre deux mots et parler entre deux bouchées. L’ombre de l’agacement passe sur son visage mais il l’en chasse avec patience et tolérance. Jusqu’ici, il pense comprendre où veut en venir son interlocuteur. Il parcourt des yeux les documents à présent ouverts devant lui sans réellement en lire le moindre mot. Il réfléchit déjà, les bras croisés sur la poitrine.


« En effet, on a déjà ce genre de partenariat avec quelques entreprises. Tout ça nous permet d’assurer un suivi plus serein de nos réinsérés. »

Il marque quelques secondes de silence.


« C’est une idée qui se tient. Il est toujours bon d’offrir plus de choix à ces personnes. La bonne volonté et la sensation de reprise de contrôle sur sa vie sont des points majeurs d’une réinsertion efficace. »

Du bout de sa fourchette, il pique l’extrémité de la pizza pour en décrocher mécaniquement un peu de garniture mais se redresse une énième fois avant de la porter à sa bouche.


« Il va me falloir un plan détaillé du projet, l’accord de la direction du laboratoire ainsi que toutes les fiches de postes des emplois proposés. »

Son regard s’est posé sévèrement sur Frédérick, sans chercher à cacher sa soudaine suspicion. Il connaît ce ton. Il connaît cette désinvolture.


« Des traitements expérimentaux ? Bien sûr tout cela sera fait dans le cadre de la légalité et je recevrais à l’avance les attestations de consentement éclairé à faire signer par les concerner, mmh ? Je peux te faire confiance pour ne rien faire qui puisse m’attirer des problèmes, mmh ? »

Set semble avoir oublié que quelques années plus tôt, il n’était pas si regardant sur ce que pouvait lui faire avaler Frédérick, qu’il s’agisse de cachets inconnus ou de promesses. Il n’en n’est pas mort mais inconsciemment il compte bien qu’il en soit de même pour les personnes sous sa protection.

Trop occupé, il n’a finalement toujours rien mangé.


Set s’installe pour manger lui aussi. Il écoute ce que Frédérick a à lui proposer et le questionne, un peu suspicieux.
Set
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« Mais enfin, Set, tu me blesses ! Qu’est ce qui peut bien te faire dire une chose pareille ? »

Frédérick prenait cet air faussement outré des gens qui savent bien que leur interlocuteur a raison mais qui ne pouvaient pas vraiment leur donner raison à voix haute. « Evidemment Set on expérimente sur des prisonniers en scred c’est juteux pour toi ET pour moi », ce n’était pas vraiment une phrase… prononçable.

Il se resservi une part de pizza. Pour se donner une contenance. Et bu une gorgée de bière. Vite fait. Avant d’ajouter, dans un ton moins assuré :

« Bien sûr. Que c’est legit. C’est pas des bonbons, quand même. Enfin, ça le sera. » Il se racla la gorge. But à nouveau. Reprit de façon plus assurée. « D’façon tu sais ce que c’est. Ça va c’est gentil. On file pas non plus des trucs au hasard quand même. »

Il n’avait pas tellement l’intention de trop laisser Set réfléchir. Il devait enchaîner, monopoliser.

« Tu ne veux pas savoir pourquoi on a besoin de faire des tests ? C’est un concept trop cool ! Attend vas y mange sers toi prépare toi bien je vais t’expliquer. Tu conçois la mer d’Albâtre ? Alors... »

Empilant une part de pizza de plus dans l’assiette de Set, rapprochant sa boisson, il se lança dans une explication fleuve sur une théorie qu’il avait sur les propriétés d’une molécule pour permettre à des gens de mieux tolérer l’exposition aux nuages. On pourrait faire avancer tellement de choses, la mer est si méconnue, pleine de dangers, on pourrait les prévenir si on en savait plus ! Peut être même l’utiliser ! Tant de choses à découvrir ! En cet instant, plus que jamais, Frédérick avait l’air totalement sincère. Il était vraiment passionné par son job. Obsédé, d’aucuns diraient même. Et il avait un peu le truc pour communiquer cette passion et rendre intéressant ces sujets de recherche. Les rendre vivants. En même temps, était-ce bien difficile de rendre intéressant l’exploration de l’inconnu, l’aventure ? En même temps, il n’avait pas tout à fait l’air de parler à Set en expliquant tout cela. Il faisait de grands mouvements avec les mains, comme souvent lorsqu’il essayait d’illustrer des concepts, mais son regard avait l’air ailleurs : il était projeté dans l’avenir, si certain qu’il était qu’il parviendrait à ses fins et que l’Arceau ferait de grandes découvertes grâce à lui. Il s’y voyait déjà.

Une fois son explication finie, retour à la réalité.

« Enfin bon c’est pas comme si tu avais besoin d’accepter tout de suite hein. Y penser, pitcher ça à tes chefs et tout. Je compte sur toi pour me donner une bonne image ! Et puis, si jamais ça passe, je rendrai ça intéressant pour toi aussi quand même tu me connais. » Il semblait satisfait d’avoir au moins essayé de présenter tout ça. Malgré les réticences de Set, il voulait croire qu’il s’était montré convainquant. « Sinon, en dehors de tout ça, quoi d’neuf ? »

La balle était dans le camp de Set désormais, mais ça ne voulait pas dire que Frédérick ne pouvait pas continuer d'apprécier sa soirée pizza bière dans le logis d'autrui !!

Frédérick fait le gars outré quand Set lui demande si tout est en règle (car la réponse est non). Il essaie de l’embobiner un max pour peut être lui soutirer une réaction positive.
Frederick
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DE LA RÉINSERTION SOCIO-PROFESSIONNELLE
(ET DES PIZZAS)

ft. Frédérick


Set s’est figé. Sa stature d’ordinaire si droite, si guindée, s’en trouve légèrement affaissée dans sa confusion. Son visage imperceptiblement penché sur le côté et son sourcil haussé renforce cet effet, semblable à un chiot ne comprenant pas les demandes de son maître. Tout va trop vite, bien trop vite.

D’abord il y a eu cet éclat de voix, d’énergie. Attirant en réponse l’attention de l’hôte des lieux, éveillant naturellement ses sens, pas seulement son ouïe mais sa vue également. Il s'est tourné vers son interlocuteur, son regard accrochant le geste d’empressement avec lequel il porte sa boisson à ses lèvres sans pour autant l'interpréter. Il n'en a pas le temps.

Il devrait savoir. Il devrait s'en souvenir. C'est ce que le ton évident de Frédérick lui fait comprendre. Pourtant, cette évocation ne lui inspire pas grand chose. Les tests auxquels il a lui-même participé remonte à plusieurs années et à une période de sa vie dont il a réécrit les plus grandes parties.

Une pensée en chasse une autre. Ou plutôt, une stimulation chasse une réflexion, puis une autre, puis une autre… Ne reste plus que cette sensation de neutralité presque rassurante.

Pressé par son invité, Set se retrouve à attraper ses couverts avec maladresse, les faisant tinter l'un contre l'autre. Pour la première fois de la soirée, il laisse un morceau de pizza atteindre sa bouche avant que son assiette ne se voie remplie une nouvelle fois. La sensation du gras du fromage dans sa gorge contracte son estomac. Il n’est pas certain d’être capable de manger plus d’une part tant ce repas tranche avec son quotidien. Être ainsi distrait ne serait-ce qu’une seconde suffit à lui faire perdre complètement le fil des propos de son interlocuteur. Quand bien même il a la sensation désagréable qu’il aurait dû lui répondre, il en a raté l’occasion à présent.

Frédérick s’agite dans tous les sens. Ce n’est pas la première fois qu’il le voit faire ça. Set est persuadé d’une certaine façon qu’il ne s’adresse pas vraiment à lui à cet instant. Il n’a de toute façon pas les outils pour le comprendre et n’essaye pas vraiment de le faire. La seule chose qui l’intéresse en réalité, qui le détend, c’est cette sensation de confort familier. Comme lorsqu’on ne lui parle plus directement dans une conversation de groupe et qu’il peut se contenter de savourer la présence d’autrui sans avoir à fournir d’efforts particuliers. Cette constatation le fait presque sourire intérieurement et il se décide plutôt à prendre enfin une gorgée de bière, non sans une légère grimace. Il n’aime pas spécialement ça et n’en boit que rarement. La perte de contrôle n’a jamais été son truc.

Enfin, son invité retrouve un semblant de calme et lui se redresse. Il n’a pas vraiment eu d’autres choix que de prendre une décision et d’apporter une réponse. Set sait que Frédérick ne le laissera pas s’en tirer si facilement autrement. Il se racle la gorge pour se donner un peu plus de contenance. Peut-être est-il définitivement trop influençable ? Cette pensée le hante, d’une certaine façon.


« Écoute, je vais en parler avec mon supérieur. Il n’y a pas de raison que ça ne passe pas. On fait des essais, on voit ce que ça donne et si ça devient bizarre, on laisse tomber. Je surveillerais tout ça de toute façon. »

Ces derniers mots sonnent plus comme un vœu que comme un avertissement. Peut-être devrait-il boire davantage ? À cet instant, une légère ébriété lui semble plus confortable que les responsabilités qui se profilent à l’horizon.


« De neuf ? »

La question le prend par surprise. Finalement, peut-être que l’hôte préférerait encore lorsque son invité babillait ses arguments un brin fumeux. Au moins il n’avait pas à subir cette réalisation angoissante que rien n’avait vraiment changé dans sa vie depuis ces derniers mois. Ces dernières années. Il porte son regard autour de lui. Même son appartement est rigoureusement le même que la dernière fois que Frédérick s’y est imposé. Toujours ces mêmes meubles sobres, ce même tapis terne au sol, ce même ordre et ces mêmes surfaces impeccables, dénuées de la moindre trace de poussière.


« Pas grand chose, j’ai… J’ai recroisé une amie d’enfance et… Je suis allé au café ? »

C’est humiliant. Il n’a même pas la moindre idée de ce qu’il est appropriée de dire dans ce genre de situation. Les gens normaux parlent sans doute de leur travail mais encore faut-il avoir de nouvelles choses à raconter, des réussites, des projets. Frédérick est le seul projet de l’assistant social et ce dernier n’était même pas au courant à peine une heure plus tôt. Mais pour sa défense, l’homme aux cheveux sombres a toujours été ainsi. Aussi loin que le chercheur puisse sans doute y songer, il n’a jamais été très réceptif. Ou très bavard. Il y a quelques années c’était même un jeune homme plutôt docile. Le Set de cette époque aurait sans doute demandé encore moins d’efforts à convaincre.

Il préfère se dire cela, qu’il est différent, plus solide face au blabla incessant de son homologue. Bien que les faits ne soient pas vraiment de son côté.


Un peu distrait et rendu confus par l'argumentaire très verbeux de Fred, Set concède déjà et accepte de parler du projet à son supérieur. En revanche il est incapable de répondre à un simple "quoi de neuf".
Set
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Pour Frédérick, cette soirée était un franc succès. Déjà, il y avait des pizzas, de la bière, et un pote. Il avait pu parler de ses projets à quelqu’un qui n’était pas un collègue. Et il avait obtenu une réponse quand même vachement positive, quand on y pensait. Dans toute la phrase de Set, il n’avait retenu que « il n’y a pas de raison que ça ne passe pas » et « on fait des essais ». Il hochait la tête en buvant sa bière alors que son interlocuteur la prononçait, il n’y avait aucune doute que tout ce qu’il y avait de précaution là dedans était passé dans une oreille pour ressortir par l’autre.

Cela dit, même Frédérick n’était pas assez auto-centré pour ne pas saisir la gêne de Set par rapport à son autre question. Le court silence, l’hésitation. La réponse, même. Le regard du scientifique reste fixé sur lui lorsqu’il répond, comme pour montrer sa patience, et qu’il écoute attentivement la réponse. Que ça lui importe et qu’il est là. Le côté délibéré de l’acte est un peu exagéré, ce qui lui donne un air bizarre, difficile de dire si cette concentration était due à la consommation d’alcool ou si c’était une manière fausse de manifester son amitié. Pour qu’elle soit vue, et qu’on ne puisse pas lui reprocher plus tard, ou pour pouvoir s’en servir comme d’un levier. Cette attention était majoritairement sincère, mais pouvait-il s’empêcher d’avoir des motivations ultérieures à 80 % de ses actions ? Autant lui demander de renoncer à la science.

Il s’enfonça dans le canapé, bien confortablement installé.

« Pas grand-chose, mais c’est pas mal ! Je suis tellement pris au labo, tu es mon échappatoire cette semaine ! Et encore, on a parlé de boulot. Ah ! Je ne sais pas m’en empêcher en même temps. Je devrais me trouver un hobby. » Il marqua une pause. « Pas l’escalade, hein. » Mystérieuse phrase prononcée un ton plus bas, comme s’il se parlait plutôt à lui même. « En tout cas ça t’a marqué, ça a dû être fun. »

Il finit une énième part de pizza, englouti la demi bière qu’il lui restait (c’était sa troisième), et se claqua les genoux du plat de la main dans la façon typique des gens qui se sentent sur le départ.

« Bon. » Fit-il en se levant. « J’ai peut-être suffisamment abusé de ton hospitalité ! En tout cas j’ai apprécié que tu écoutes le projet, et passer du temps avec toi. On se tient au jus et on se revoit quand tu veux ? »

Il se dirigeait vers la sortie. Il laissait bien entendu derrière lui les restes de pizza (du genre, une pizza et demi) ainsi que les bières (deux ? Trois ?). ça ne se faisait pas de repartir avec ce qu’on avait amené !

Sentant que peut être Set préférerait avoir sa fin de soirée pour lui, Frédérick prend le parti d’amener la discussion vers sa fin. Il se dirige vers la sortie en laissant derrière lui toute la bouffe et la boisson...
Frederick
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