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Alors que la nuit se fait plus noire


Ça ne voulait pas s'arrêter.

Maux de têtes bénins, ça n'était jamais dur à supporter ; l'habitude, être exténué après les journées trop longues quand on l'avait fait trop travailler. Alors il ne s'en était pas soucié. « Ça va passer », c'est ce qu'il s'était dit, et il se le dit toujours parce que jusqu'à présent ça fonctionnait. Il aurait dû retenir la leçon pourtant, après que ses cordes vocales aient été trop délaissées -mais ceux-là s’accentuaient.

Ça ne voulait pas s'arrêter.

Palpitation légère, alors qu'il avait quitté l'immense building -trop tard alors que la nuit était déjà tombée. L'épuisement, oui, c'était sans doute l'épuisement, une fois chez lui il pourrait s'écrouler dans son lit et on oublierait ça pour la journée. C'était le chemin habituel, le trajet à pieds jusqu'aux transports, longer les trottoirs de la grande rue et contourner ce luxueux parc souvent désert à cette heure de la soirée.
Mais cette fois il avait eu l'instinct qu'il devait se dépêcher -sans doute que ça irait plus vite s'il décidait de le traverser.

Ça ne voulait pas s'arrêter...
Quand le cœur palpite encore -plus fort, plus lourdement, ça fait mal et assez pour qu'il se tienne la poitrine alors que son souffle devient plus lourd, qu'il a l'impression de commencer à suffoquer. Il n'avait rien bu pourtant, rien fait.

« - Ah... »

Il essaie encore, un pas devant l'autre -et puis l'équilibre qui se rompt brusquement. Un genou à terre, la vision floue ; qu'est-ce qui lui arrivait ?
Dans sa tête,
les maux tambourinaient.
Il ne bougeait plus, se sentait trembler. Bourdonnements dans ses oreilles il distingue à peine le son de ce qui tombe -son portable, il avait essayé de l'attraper mais ses mains moites l’ont fait glisser. Et au milieu de cette petite allée détournée du parc, éclairé par quelques lanternes, personne à l'horizon, personne pour le voir tomber.

« - Merde... »




Azur rentre du travail après une longue journée, mais les maux de tête qu’il avait laissé de côté deviennent plus vifs et il s’écroule, au milieu d’un parc, désert en pleine nuit, se sentant au bord de l’inconscience sans comprendre ce qui est entrain de lui arriver.
Azur
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Alors que la nuit se fait plus noire


Des bruits de pas résonnent sur les graviers usés des longues promenades, accompagnés dans la sérénité de nuit par le murmure mélodieux d’une jeune femme ; notes heureuses, notes harmonieuses, notes montantes et descendantes et dissonantes — Rannie ne chante rien de particulier, elle donne simplement voix à la complainte changeante que son cœur lui dicte parfois, en attendant de savoir ce qu’elle racontera aux Siens plus tard.

Son chant s’interrompt brusquement tandis que la joue d’Azur heurte le sol, son attention piquée au vif : pause.

(Quelle heureuse coïncidence, n’est-ce pas, cette rencontre aux clairs de lunes !)

Son approche ne trahit aucun trouble devant l’image de cette figure pliée en deux, tordue par la douleur sur son grabat de misère. Elle s’arrête une fois à la hauteur du souffrant, s’accroupit pour mieux se pencher au-dessus du jeune homme. Son expression est voilée par les chastes ombres des nuages qui s’amoncellent soudainement sur cette scène.

« Tu es… ! Ah, tu es… »

Lentement, tout lentement, Rannie avance sa main droite vers cette chevelure qui lui rappelle les eaux claires et bleues des lacs,
et ses doigts dessinent le contour de ces pommettes rougies,
de cette mâchoire crispée,
frôlent délicatement la nuque du malheureux du bienheureux
avant de tracer des mouvements lents de haut en bas avec la paume de sa main sur son dos — comme le ferait un parent cherchant à apporter un peu de réconfort à un semblable.

Une douceur infinie pour apaiser les maux mystérieux frappant la silhouette de l’inconnu sous ses yeux.
Un apaisement, tout en contraste avec le profil effondré du garçon.

« Chut, chuut… tout ira mieux bientôt. »
Rannie découvre un Azur vulnérable et le réconforte doucement : elle sait.
Rannie
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Alors que la nuit se fait plus noire


Sa tête tambourinait ;
lourde,
les oreilles qui sifflaient, la vision qui se brouillait. Impossible de penser correctement alors qu'à genoux, il cherchait déjà une chose à laquelle se raccrocher -mais ne sentit contre sa joue que le sol froid des pavés.

Et sa voix, oh sa voix,
trop faible pour qu'on l'entende il ne pouvait même pas appeler à l'aide.

« - Qu'est-ce que... »

Un murmure faible alors qu'une chaleur douce apaise celle de sa peau brûlante -trop légère pourtant pour faire disparaître la douleur. Des mains sur sa joue, sur sa mâchoire, sur son dos... Quelqu'un.
Quelqu'un.
Il aurait dû se méfier,
oui,
mais pas dans cette situation.
Pas alors que son esprit tournait si fort, qu'il se sentait si proche de perdre pieds dans la réalité et sombrer dans l'inconscience. Pas alors qu'il avait désespérément besoin d'aide et que cette présence se montrait si... rassurante...

Le confort d'un parent,
d'une figure familiale qu'il n'avait jamais eue.

C'est presque un élan de nostalgie et de tristesse infinie, quand le corps fait si mal qu'il fait craquer toutes les résistances. Il voulait s'enfermer dans cette tendresse, dans cette douceur, ne sentir plus que ça jusqu'à ce que vienne son heure. Il sanglotait, sans doute comme il l'aurait fait dans les bras d'une mère ou d'une sœur, sans même l'avoir réalisé. Ses dernières forces ne lui permirent que ça ; que de hisser sa tête sur les genoux de cette étrange femme, de s'accrocher à ses vêtements comme le ferait un enfant qui ne voudrait pas se retrouver séparé de ses parents.

L'image de sa mère, comme un fantôme réconfortant.

« - N-Ne partez pas... »

Un dernier son, à peine audible, à peine perceptible -mais d'une voix étranglée et suppliante de celui qui ne voudrait pas qu'on l'abandonne encore. Tout ce que ses cordes blessées pouvaient exprimer avant que ses esprits ne se décident enfin à lui échapper.




Au bord de l’inconscience, Azur délire. Il prend cette figure inconnue pour une figure parentale rassurante et cherche une étreinte, de la chaleur humaine et du réconfort avant de finir par sombrer pour de bon.
Azur
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Alors que la nuit se fait plus noire


Le garçon sombre dans le sommeil des sens — il s’abandonne dans les bras de la première venue ; il ne sait pas encore qu’il a déjà franchi le seuil, qu’il est désormais à la fois autre et indéfinissable, que son réveil marquera le début de sa métamorphose.

Comme celles et ceux qui l’ont précédé, et comme tant d’autres après lui.

(Mais il n’a rien de spécial, contrairement à elle.)

Ses doigts glissent dans les cheveux du garçon sans nom, qu’elle ne connait que comme l’un des protégés d’Andraste.
Elle s’imagine le visage de cette dernière si, un jour, l’évanoui venait chercher des réponses auprès des Siens, plutôt qu’auprès de la Championne.

« Mais tu t’en moques bien, Andraste, tu ne vois que le parricide dans le regard de tes admirateurs… » murmure la Voix dans le silence de la nuit. « Et tu rencontreras ta fin de la même façon que tu as été jetée dans ce monde. Ah ! J’entrevois déjà les grandes lignes de ta chute… »

Mais, en cet instant, elle ne veut plus penser à la Championne — au regard toujours perdu dans un rêve dans lequel résonne le nom d’un autre Dieu —, ni au Gouverneur — sculpteur maladroit d'un monde dans lequel les Siens ne figurent plus —, ni à la Doyenne — qui en sait trop et n’en dit pas assez ! (Quant à la dernière, la pire des gangrènes méritait-elle seulement sa pensée ?)

« Je ne suis pas assez forte pour te porter seule jusqu’à un de nos refuges, mon garçon… »

Pour l’heure, elle allait s’en remettre à l’une d’entre elles.

Impact(s) sur vos personnages
— Vos personnages ne sont pas au courant de cet événement.
— Des joueur·euses seront bientôt contactés à la suite de ce message.
Rannie a réalisé quelque chose sur l'état de l'Arceau et de ses habitants. Elle décide de contacter ses alliées.
Rannie
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