[Séquence 1] Fragment 1 - L'Éveil


An -xxx



Dans le sillon de Ses pas, les marques de la Vie s’étendent peu à peu ; celle qui la hante. Les monts s’écroulent à chacune de Ses inspirations. Elle traverse les plaines dans le silence d’une éternité éphémère : une silhouette dont les contours sont indiscernables. Simplement vêtue d’une cape noire dont le tissu semble venu d’un ailleurs, Elle arpente les vallées, traverse les mers, semble s’oublier au gré du temps. Il y a bien longtemps que les doutes se sont évanouis pour ne laisser place qu’à ce silence qui hante Sa douce stabilité. Alors elle marche dans l’incompréhension de Sa propre existence, jusqu’au grand canyon où Elle s’en va rencontrer les Enchaîné·es.

Le sol ensablé danse dans les ondulations des reflets solaires ; le mirage des réalités qui convergent, le Divin qu’Elle dévore. Alors Elle chasse ce monde pour ne se confronter plus qu’aux rochers dont les bords escarpés lui évoquent mille et un visages. Sa main caresse les pierres du bout de Ses doigts et c’est qu’au milieu de cette immensité, Elle paraît si minuscule. Un être dont le divin s’est estompé, une douce horreur, une erreur dans le grand ordre des choses, l’écroulement de ce qui fut, a été, est, sera : une convergence d’un cycle qui n’a de cesse de se rejouer devant Ses yeux, encore et encore, sans que jamais, sans que jamais, sans que jamai—…

Son regard s’attarde sur ce mur. Une pierre érigée au milieu du grand canyon des Enchaîné·es.
(Là, quelque part, un papillon s’envole.)
La voilà déjà devant cette pierre. Ses mains se posent sur le visage qu’elle aperçoit, gravé maladroitement dans le roc ; un visage dur, un visage aux traits étiques. Et à ce visage qu’Elle ne peut trouver que des plus sincères, elle murmure :

Désires-tu plus ? Tout en sachant du plus profond de Son coeur que c’est Elle qui n’a jamais cessé de désirer.

Et le monde s’écroule, le monde s’élève dans un fracas assourdissant : celui de la Vie qui s’éveille, de la voix qui prend forme dans les entrailles de la terre. Il y a là le reflet de la création, une parfaite copie de l’encre qui tombe et suinte entre les fissures de la roche. Devant Elle, deux pupilles dorées, d’un éclat incandescent. Elles La fixent d’un regard désireux pour tout ce qu’Elle promet de Ses doigts.
Et dans un râle agonisant, Il s’arrache à la pierre, libérant un univers d’étincelles.

Car si Son désir n’a jamais connu de fin, le Sien n’a jamais eu d’avant.

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